Dans la continuité des travaux mis en œuvre sur la prairie humide de Malamani, le GEPOMAY se lance cette année dans la restauration de la prairie humide de Miréréni sur la commune de Chirongui : un site d’alimentation du Crabier blanc suivi depuis 2018. Ces actions sont réalisées dans le cadre du programme européen Life BIODIV’OM et ont permis de former les étudiants mahorais en Brevet de Technicien Supérieur agricole Gestion et Protection de la Nature (BTSa GPN). Le premier chantier de restauration de la prairie humide de Miréréni a eu lieu la semaine du 15 mai 2023. L’ouverture du bal s’est faite aux côtés des étudiants du BTSa GPN : accompagné·e·s par le GEPOMAY, les étudiant·e·s ont pu découvrir la coordination d’un chantier grâce à la restauration de ce site. « Une matinée enrichissante pour les étudiants ! Après une première visite du site en janvier, les apprentis ont travaillé sur la logistique des différentes opérations à mettre en place pour restaurer le site (planification, étude des moyen humain et matériels, protocole d’opération… ). Ils étaient impatients de mettre la main à la pâte. Dans le cadre du module de « Génie écologique », les apprentis de BTSa GPN sont amenés à réaliser eux même des actions de restauration d’espace naturel, mais aussi à organiser et coordonner des chantiers de ce type. Ce chantier représentait une belle opportunité de mettre en pratique les notions vues en classe. » Sarah BUNEL, formatrice CFA-CFPPA de Coconi En amont du chantier, les élèves ont donc proposé un plan d’actions détaillant notamment le planning de la semaine, l’identification des espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) et le protocole de lutte à mettre en place. Lundi 15 mai 2023, ils ont d’abord balisé et nettoyé le site puis accueilli l’association Mlezi Maore, en charge du chantier, pour leur présenter ce plan d’actions. Les apprenti·e·s ont pu observer les techniques de coupe et d’arrachage avec l’équipe de Mlezi Maore et ont participé à l’arrachage manuel de l’espèce végétale Senna torra, une espèce au niveau d’invasibilité de 4/5. « Je constate la dégradation de l’environnement chaque année à Mayotte, c’est pour cela que j’ai choisi de suivre le BTSa GPN. J’ai alors découvert une passion pour la protection des espaces et des espèces : plus tard, j’aimerais devenir animatrice nature ou gestionnaire d’espaces naturels. Pour la réalisation du chantier de restauration de la prairie humide de Miréréni, j’avais la charge du suivi de chantier et de la réalisation du protocole d’opération de ramassage des déchets. Nous avons découvert la réalité du terrain : la chaleur et les glissades sur le sol boueux. » Anfiati MOUSSA, étudiante au lycée agricole de Coconi, BTSa GPN Plus d’informations sur le contexte Le GEPOMAY a commencé la restauration des prairies humides de Mayotte grâce au soutien du programme européen Life BIODIV’OM. C’est à Malamani et depuis 2019, que les actions de restauration du GEPOMAY ont été les plus nombreuses : arrachage manuel régulier des EVEE dont deux grands chantiers outillés (2019 à 2023), mise en place d’une Convention D’Occupation Temporaire à Usage Agricole (2022), replantation d’espèces indigènes (2022). En 2020 avait également lieu l’arrachage d’EVEE (travail focalisé sur le songe, Colocasia esculenta) et le ramassage de déchets à Ambato en partenariat avec l’association Jardin de M’tsangamouji ; des patrouilles de surveillance ont été mises en place par l’association locale. Cette année, les objectifs de gestion établis par le GEPOMAY pour maintenir l’état prairial du site de Miréréni sont définis grâce au recul que nous avons sur la prairie humide de Malamani. Ils comprennent à ce jour un suivi des EVEE avec arrachages réguliers et la mise en place d’une nouvelle COTUA avec un éleveur local de zébus. En parallèle, notre association continue les suivis mensuels du Crabier blanc sur ses sites d’alimentation à Mayotte. Nos résultats nous permettront d’évaluer par la suite l’impact de ces restaurations sur la fréquentation des sites par le Crabier blanc. Plus d’informations sur le Brevet de Technicien Supérieur agricole Gestion et Protection de la Nature (BTSa GPN), par Sarah Bunel La formation de BTSa GPN est une formation complète qui permet aux étudiant de développer des compétences de terrain (expertise naturaliste, chantier de génie écologique, animation d’un public, concertation territoriale) mais aussi de comprendre le contexte et la gestion d’un espace naturel. Depuis septembre 2022, le CFA-CFPPA de Coconi propose cette formation en apprentissage : les étudiants passent 75% du temps de formation dans une structure qui leur permet de découvrir le monde professionnel et les nombreux métiers liés à la protection de l’environnement. Le recrutement des apprentis pour la rentrée 2023 est en cours. Rédaction : Mariane Harmand
La Tourterelle peinte est également connue sous le nom du Pigeon de Madagascar : indigène des îles de l’Océan Indien, de Madagascar aux Seychelles, Amirantes, îles éparses et Comores… Cette espèce est naturellement divisée en plusieurs sous-espèces et sa classification est donc assez compliquée. À Mayotte, on l’appelle la Tourterelle peinte et elle correspond à la sous-espèce Nesoenas picturatus comorensis. De loin, cet oiseau paraît de couleurs grisâtre et bordeaux. On peut néanmoins détailler cette description. Le dos évolue du gris-marron au niveau de la nuque au violet foncé rougeâtre au niveau des ailes. Les plumes de la queue sont plutôt grises aux extrémités blanches. La poitrine est d’une couleur gris-mauve clair qui s’éclaircit vers le ventre. Le dessous des ailes apparaît gris pâle en vol. Les pattes sont longues et rouges, le bec est rouge violacé à la base et gris à la pointe. Enfin, ses yeux sont notables, avec une iris brune cerclée de rouge et une pupille ovale. La Tourterelle peinte s’observe dans une grande diversité d’habitats. Elle fréquente les forêts, y compris dégradées, les zones buissonnantes, les cultures et fourrés des milieux ouverts. On la retrouve du niveau de la mer jusqu’à 2000m d’altitude. Majoritairement au sol, sur un couvert clairsemé, elle se nourrit principalement de graines mais peut aussi consommer des fruits tombés et de petits insectes. © Yannick Stephan Cette espèce est sédentaire et plutôt solitaire : on peut l’observer en couple et plus rarement en petits rassemblements. Ses longues pattes lui permettent de voler habilement et puissamment. Il est ainsi probable qu’elle voyage d’une île à une autre, alors les hybridations avec d’autres sous-espèces sont possibles. Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland
Le saviez-vous ? Depuis 2013 le GEPOMAY réalise le comptage des Crabiers blancs sur leurs sites d’alimentation : de 12 sites suivis nous sommes passés à 21 sites depuis le début du programme Life BIODIV’OM. Comment ça se passe ? Tous les mois, jumelles accrochées au cou et équipé·e de sa longue vue, un·e salarié·e du GEPOMAY recense le nombre d’oiseaux et surtout de Crabiers blancs vus et entendus. Durant une semaine environ, ces comptages sont réalisés sur des secteurs bien définis : retenues collinaires, prairies humides, rivières… Ce sont tous des sites d’alimentation du Crabier blanc. Ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît : avant toute chose, la personne en charge du comptage doit impérativement savoir différencier les espèces à la vue et au chant. Les oiseaux bougent et sont parfois éloignés de plusieurs centaines de mètres, il est donc bien plus difficile de les reconnaître qu’à partir d’une photographie. Le GEPOMAY suit un protocole de comptage régulier et standardisé : utiliser la même méthode permet comparer les chiffres obtenus chaque mois pour mieux étudier l’évolution des populations. Les protocoles de comptages sont également conçus pour pallier un maximum les biais d’observation qui peuvent exister. Par exemple, sur le terrain, des techniques permettent de s’assurer au mieux qu’on ne compte pas deux fois le même individu : rester vigilent·e et suivre les mouvements des individus, repérer d’où vient un chant, ne pas observer en va-et-vient d’un côté à l’autre du site. On parle le plus souvent de « scan » : l’observateur parcourt visuellement le secteur d’un côté à l’autre. Enfin, il est important de noter un maximum d’observations durant les comptages : la météo, l’évolution du milieu, l’heure de début, l’heure de fin, les différences de plumages, les comportements … Ces informations pourront par la suite nous aider à répondre à de nombreuses questions pour améliorer nos connaissances sur les espèces. À quoi ça sert ? Le suivi d’une espèce sur ses sites d’alimentation permet d’analyser l’évolution de sa population inter- et intra-annuelle et donc de comprendre ses habitudes et son comportement pour mieux la protéger. Il s’agit par exemple de déterminer les principaux sites à protéger ou de découvrir une périodicité chez une espèce (fréquentation des sites, migration…) ; on parle dans ce dernier cas de l’étude de la phénologie de l’espèce. Le graphique ci-contre permet par exemple de conclure que les principaux sites d’alimentation du Crabier blanc en 2022 ont été le lac Karihani et les retenues collinaires de Dzoumogné et de Combani. Ces suivis nous permettent également de contrôler l’efficacité des actions de protection mises en œuvre en faveur du Crabier blanc – Plan National d’Actions en faveur du Crabier blanc et Life BIODIV’OM. Ils rendent notamment possible la comparaison de l’évolution des populations entre des sites restaurés ou protégés et des sites non protégés. Je réalise ce suivi une semaine par mois depuis maintenant un an et demi et c’est une mission que j’apprécie particulièrement. Les suivis débutent entre 7h et 8h du matin. Il faut se réveiller tôt mais c’est agréable de se retrouver sur de tels sites en matinée lorsqu’il fait encore frais. C’est aussi et surtout un moment privilégié avec les oiseaux : après le comptage, je prends le temps d’observer leur comportement et ainsi d’essayer de comprendre comment ils évoluent dans leur milieu. J’ai presque envie de pouvoir communiquer avec eux ! Malheureusement, depuis que je suis ces sites d’alimentation, j’ai pu remarquer la pression agricole sur les prairies humides. Le plus important en suivi est d’être le plus discret possible et de toujours faire les observations au même emplacement et dans le même ordre pour pouvoir comparer les résultats a posteriori. Après un rapide coup d’œil sur les données depuis 2018, le nombre de Crabiers blancs recensés ne semble pas varier de façon significative, ce qui reste une bonne nouvelle pour cette espèce en danger d’extinction à l’échelle mondiale. À terme, grâce aux actions menées par le GEPOMAY, nous espérons voir une augmentation des effectifs. Aujourd’hui il est encore trop tôt pour observer de tels résultats. » Témoignage de Steeve Mathieu, chargé d’études Crabier blanc au GEPOMAY. Rédaction : Mariane Harmand, GEPOMAY Plus d’infos : – https://www.lifebiodivom.fr/ –
Nous ne savons plus quel nom choisir pour le Courol vouroudriou : à Mayotte nous l’appelons souvent le Courol malgache mais certains utilisent le nom coucou-rollier. Enfin il est connu en shimaore en tant que Kéwu-Kéwu, ce nom décrit son chant très caractéristique et repérable à plusieurs kilomètres à la ronde : « Kéééééwu kééééééwu ». Cette espèce est endémique de la région de l’archipel des Comores et Madagascar : on trouve des sous-espèces plus petites sur les autres îles des Comores. Cet oiseau est très reconnaissable par sa tête massive qui paraît aplatie et disproportionnée par rapport au reste de son corps. Au contraire sa queue est peu allongée et ses pattes sont très courtes. Le plumage est largement différent selon le sexe de l’individu : on parle de dimorphisme sexuel. Les mâles présentent un dos gris foncé avec des reflets verts métalliques et mauves principalement visibles sur le dessus des ailes. La tête et la nuque sont d’un gris cendré plus clair, 3 lignes noires relient respectivement l’œil à la nuque, le dessus de la tête et le bec. Le ventre et la poitrine sont gris clair et les pattes marrons. © Gilles Adt Les femelles et les juvéniles présentent un dos brun foncé aux tâches noires et rousses : les nuances sont de plus en plus sombres du capuchon vers les ailes. Le rebord de l’aile porte une barre roux-canelle particulièrement reconnaissable en vol. Le ventre et la poitrine sont roux pâle voire beige, parsemés de points bruns-noirs. Le dessous de la queue présente une couleur olive. © GEPOMAY Le Courol vouroudriou est un des rares oiseaux zygodactyles au monde : il possède deux doigts vers l’avant et deux doigts vers l’arrière de la patte. Cette espèce est arboricole et fréquente tous types de forêts à Mayotte, on l’observe aussi au niveau des lisières et des cultures. Les individus peuvent rester immobiles de longs moments et passer inaperçus dans les feuillages. On entend le courol beaucoup plus souvent qu’on ne le voit. Il peut émettre des cris continus en vol : un vol lent et souple constitué par une alternance de battements rapides et de glissades. Le courol se nourrit de gros insectes et de petits reptiles, il semble particulièrement apprécier les caméléons. Une fois la proie capturée, l’oiseau la frappe plusieurs fois contre une branche avant de l’avaler. Cette espèce monogame se reproduit d’octobre à mai et reste en couple pendant cette saison. La femelle dépose les œufs dans une cavité de tronc d’arbre ou dans le creux d’une grosse branche. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland
Le Gravelot de Leschenault, aussi appelé Pluvier de Leschenault, est une espèce migratrice que l’on observe de septembre à avril à Mayotte : il y est en hivernage et porte donc son plumage internuptial. Il se pourrait que les Gravelots de Leschenault soient fidèles à leur quartier d’hivernage et donc que les mêmes individus reviennent chaque année à Mayotte. Après un hivernage sur les côtes africaines et dans l’Océan Indien, cette espèce rejoint ses sites de nidification répartis en Asie centrale, des bords de la mer Caspienne jusqu’en Chine occidentale et en Mongolie. À Mayotte, vous l’observerez le plus souvent sur la côte et au niveau des vasières. S’il se nourrit d’insectes le reste de l’année, il consomme principalement des petits crustacés et des vers marins recueillis à marée basse durant son hivernage. En plumage internuptial, son dos et son capuchon sont gris, la poitrine et le ventre sont blancs. Au niveau de la tête, la zone oculaire et les couvertures auriculaires sont grises ; la partie basse des joues, le menton et la gorge sont blancs. Les pattes sont claires, grises à jaunes, et le bec est noirâtre, relativement grand (longueur supérieure à la distance entre l’arrière de l’œil et la base du bec). Son plumage nuptial présentera des nuances orangées au niveau des zones grises citées ici et une large bande rousse au niveau de la poitrine. Le Gravelot de Leschenault est très proche et semblable à une espèce parfois également observée à Mayotte : le Gravelot ou Pluvier mongol. Les différences entre les deux espèces sont minimes, surtout en période internuptiale : seuls certains critères permettent de les différencier. Le Gravelot de Leschenault est légèrement plus grand et présente la particularité de s’abaisser en pliant les tarses lorsqu’il est en alerte. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland Photos : 1 – Thomas Ferrari / GEPOMAY 2 – Patrick Ingrémeau 3 – Loïc Epelboin