Originaire d’Asie et introduit récemment à Mayotte, ce petit oiseau bavard est devenu un incontournable du paysage mahorais. Grégaire et familier avec l’humain, il se retrouve dans tout type de milieu à Mayotte, même dans les forêts humides qu’il délaisse dans d’autres régions. Il a été introduit dans l’océan indien pour lutter contre les insectes ravageurs des cultures dont il se nourrit. Plutôt opportuniste, il consomme également des fruits, des invertébrés, des œufs, des poussins, des lézards et pioche même dans les poubelles. De loin, le Martin triste paraît noir mais en réalité seules sa tête et sa poitrine sont noires alors que son dos et son ventre sont chocolat. En vol, il révèle de larges bandes blanches sous ses ailes. Son bec et ses pattes sont jaunes tout comme la petite zone de peau nue en forme d’amande autour de son œil. Côté voix, il émet des vocalises très variées, c’est également un bon imitateur. Le Martin triste construit un nid en forme de coupe avec des brindilles et des plumes. La femelle pond 1 à 4 œufs bleu turquoise. Fidèle à vie à leur partenaire et leur site de nidification, le Martin triste peut faire jusqu’à 2 nichées par an et par couple. Il s’installe volontiers dans des cavités naturelles, parfois au détriment d’autres espèces indigènes avec lesquelles il entre en compétition comme le Courol et le Petit-duc. En effet, très territorial et agressif, il a tendance à déloger les espèces locales. Des études sont encore nécessaires pour le prouver, mais le Martin triste semble être envahissant à Mayotte.
Le Pigeon des Comores est le plus grand des six columbidés de Mayotte. Il est reconnaissable par sa grande taille de 40cm et sa teinte générale gris-marron avec des reflets violets. De plus près, la couleur plus chaude rouge violacée de la tête à la poitrine et au manteau ressort. Son cou est finement strié de blanc et son ventre est d’un gris plus clair. Son bec et ses pattes sont jaunes vifs alors que le cercle orbital, petite zone de peau nue autour de son œil, est jaune pâle. Son iris est d’un jaune verdâtre assez terne. Les jeunes ont un plumage plus brun et plus terne qui laissera rapidement place au plumage des adultes, identiques pour les deux sexes. Bien que la période soit encore mal connue, le Pigeon des Comores nicherait d’août à novembre en hauteur dans les arbres, à l’abris du feuillage. Il construit un nid de brindilles et d’herbes où il pond un seul œuf blanc brillant, rarement deux. Le couple élève le poussin. Observé seul ou en couple, il quitte rarement le couvert arboré où il se nourrit principalement de fruits et de graines. Il ne s’aventure au sol que pour récupérer les Il ne s’aventure au sol que pour récupérer les gravillons nécessaires à sa digestion. Sédentaire et endémique de l’archipel des Comores, aucune migration entre les îles n’est connue pour cette espèce. Etant donc très localisée, cette espèce est considérée comme quasi menacée au niveau mondial. La principale menace pour la conservation du Pigeon des Comores est la destruction de l’habitat forestier dont il dépend. Sources :Oiseaux.netLes Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland
Le Conservatoire du Littoral (CdL), dont la présidente et la directrice au niveau national ont fait le déplacement pour la première fois à Mayotte, le Conseil d’Administration du Conseil des Rivages de l’Océan Indien, le Conseil Départemental de Mayotte et le GEPOMAY, accompagnés de leurs partenaires, se sont réunis mardi 13 juin au lac Karihani afin de signer deux conventions de gestion en faveur des zones humides, inaugurer la rénovation de l’observatoire, installer un nouveau panneau pédagogique Life BIODIV’OM, et échanger sur les actions actuelles et futures sur les sites. Continuer à préserver les habitats Par la signature de ces deux conventions, l’objectif est de protéger les habitats de nombreuses espèces mahoraises. Le GEPOMAY intervient déjà sur ces sites, notamment dans le cadre du Plan National d’Action (PNA) en faveur du Crabier blanc et du LIFE BIODIV’OM depuis plusieurs années. Cette gestion fera suite au projet européen se terminant à l’horizon 2024 et permettra de renforcer les actions déjà débutées. De part leur importance pour les oiseaux, ces zones humides font l’objet d’un dossier de demande de labellisation Ramsar pour pérenniser leur protection. Gestion d’arrière-mangrove de la baie de Bouéni La première convention entre le Conservatoire et le GEPOMAY concerne la gestion de plus de 15 ha d’arrière-mangrove de la Baie de Bouéni, comprenant une partie de forêt d’arrière-mangrove et de prairies humides entre Miréréni et Malamani et une prairie humide de Poroani. Ce site présente l’une des plus grandes diversités d’oiseaux de l’île. En tant que responsable de la gestion, le GEPOMAY est en charge de la mise en valeur, de l’aménagement, de la restauration et de la surveillance des sites, de l’accueil du public et de la conduite d’animations. Les arrière-mangroves de Mayotte présentent un enjeu important, étant des milieux particulièrement sensibles. Evaluées « En Danger Critique d’extinction » au niveau national sur la liste rouge de l’UICN, cet écosystème est principalement menacé par la coupe de bois et le défrichage, le développement de l’urbanisation et de l’agriculture et par les espèces végétales exotiques envahissantes. Le GEPOMAY et le CdL visent, à travers la convention, à ce qu’une présence quotidienne accompagnée d’actions de concertation avec les usagers participent à protéger cet écosystème. Délégation de gestion du lac Karihani avec le CD976 La seconde convention est une délégation de gestion tripartite entre le CdL, le Conseil Départementale (gestionnaire) et le GEPOMAY des 7ha du lac Karihani, premier site d’alimentation du Crabier blanc à Mayotte. L’association a donc la délégation de la surveillance du site, du suivi de la connaissance sur le domaine, de l’accueil du public et la conduite d’animations, des actions de restauration et de gestion des habitats, notamment avec les éleveurs. Le site présente plusieurs enjeux paysagers, de biodiversité, agricoles et récréatifs. Situé sur une dépression du plateau de Combani, il est le seul plan d’eau douce de Mayotte destiné à l’accueil et la préservation de la biodiversité. Le GEPOMAY réalise plusieurs actions sur le site depuis 2013, particulièrement un inventaire mensuel de l’avifaune et des animations avec les scolaires et ses adhérent·e·s. L’association a également rédigé un plan d’action pour restaurer le site puis travailler en collaboration avec des éleveurs mettant en place des pratiques respectueuses de l’environnement. Un programme riche A la suite des signatures, la directrice du CdL, le président du Conseil des Rivages de l’Océan Indien, membre du Conseil Départemental, et le directeur du GEPOMAY ont inauguré l’observatoire nouvellement réhabilité par le Conservatoire. Le bâtiment permettra de renforcer l’accueil du public sans déranger la faune. Un panneau pédagogique présentant les espèces du lac a été dévoilé dans l’observatoire. Ce panneau, conçu par le GEPOMAY dans le cadre du Life BIODIV’OM, permet une douzaine d’espèces animales observables sur le site et de reconnaître le Crabier blanc sous ses deux plumages. La manifestation s’est poursuivie par une visite. Les participants ont été invité à faire le tour du lac et découvrir sa richesse et sa diversité. Equipés de jumelles et d’une longue vue, ils ont pu contempler des Crabiers blancs, des Poules d’eau, qui donnent leur nom au site, des Guêpiers de Madagascar et bien d’autres espèces. Le lendemain s’est tenu la section locale du Conseil des Rivages du CdL pendant laquelle ont notamment été présentés un bilan des actions de ces derniers mois à Mayotte ainsi que la stratégie du Conservatoire à moyen et long terme. Ce partenariat fort est une reconnaissance des actions du GEPOMAY de ces dernières années. Il permet à l’association un renforcement de ses moyens techniques et humains pour continuer à agir concrètement et à plus large échelle à la protection des sites naturels de Mayotte.
Dans la continuité des travaux mis en œuvre sur la prairie humide de Malamani, le GEPOMAY se lance cette année dans la restauration de la prairie humide de Miréréni sur la commune de Chirongui : un site d’alimentation du Crabier blanc suivi depuis 2018. Ces actions sont réalisées dans le cadre du programme européen Life BIODIV’OM et ont permis de former les étudiants mahorais en Brevet de Technicien Supérieur agricole Gestion et Protection de la Nature (BTSa GPN). Le premier chantier de restauration de la prairie humide de Miréréni a eu lieu la semaine du 15 mai 2023. L’ouverture du bal s’est faite aux côtés des étudiants du BTSa GPN : accompagné·e·s par le GEPOMAY, les étudiant·e·s ont pu découvrir la coordination d’un chantier grâce à la restauration de ce site. « Une matinée enrichissante pour les étudiants ! Après une première visite du site en janvier, les apprentis ont travaillé sur la logistique des différentes opérations à mettre en place pour restaurer le site (planification, étude des moyen humain et matériels, protocole d’opération… ). Ils étaient impatients de mettre la main à la pâte. Dans le cadre du module de « Génie écologique », les apprentis de BTSa GPN sont amenés à réaliser eux même des actions de restauration d’espace naturel, mais aussi à organiser et coordonner des chantiers de ce type. Ce chantier représentait une belle opportunité de mettre en pratique les notions vues en classe. » Sarah BUNEL, formatrice CFA-CFPPA de Coconi En amont du chantier, les élèves ont donc proposé un plan d’actions détaillant notamment le planning de la semaine, l’identification des espèces végétales exotiques envahissantes (EVEE) et le protocole de lutte à mettre en place. Lundi 15 mai 2023, ils ont d’abord balisé et nettoyé le site puis accueilli l’association Mlezi Maore, en charge du chantier, pour leur présenter ce plan d’actions. Les apprenti·e·s ont pu observer les techniques de coupe et d’arrachage avec l’équipe de Mlezi Maore et ont participé à l’arrachage manuel de l’espèce végétale Senna torra, une espèce au niveau d’invasibilité de 4/5. « Je constate la dégradation de l’environnement chaque année à Mayotte, c’est pour cela que j’ai choisi de suivre le BTSa GPN. J’ai alors découvert une passion pour la protection des espaces et des espèces : plus tard, j’aimerais devenir animatrice nature ou gestionnaire d’espaces naturels. Pour la réalisation du chantier de restauration de la prairie humide de Miréréni, j’avais la charge du suivi de chantier et de la réalisation du protocole d’opération de ramassage des déchets. Nous avons découvert la réalité du terrain : la chaleur et les glissades sur le sol boueux. » Anfiati MOUSSA, étudiante au lycée agricole de Coconi, BTSa GPN Plus d’informations sur le contexte Le GEPOMAY a commencé la restauration des prairies humides de Mayotte grâce au soutien du programme européen Life BIODIV’OM. C’est à Malamani et depuis 2019, que les actions de restauration du GEPOMAY ont été les plus nombreuses : arrachage manuel régulier des EVEE dont deux grands chantiers outillés (2019 à 2023), mise en place d’une Convention D’Occupation Temporaire à Usage Agricole (2022), replantation d’espèces indigènes (2022). En 2020 avait également lieu l’arrachage d’EVEE (travail focalisé sur le songe, Colocasia esculenta) et le ramassage de déchets à Ambato en partenariat avec l’association Jardin de M’tsangamouji ; des patrouilles de surveillance ont été mises en place par l’association locale. Cette année, les objectifs de gestion établis par le GEPOMAY pour maintenir l’état prairial du site de Miréréni sont définis grâce au recul que nous avons sur la prairie humide de Malamani. Ils comprennent à ce jour un suivi des EVEE avec arrachages réguliers et la mise en place d’une nouvelle COTUA avec un éleveur local de zébus. En parallèle, notre association continue les suivis mensuels du Crabier blanc sur ses sites d’alimentation à Mayotte. Nos résultats nous permettront d’évaluer par la suite l’impact de ces restaurations sur la fréquentation des sites par le Crabier blanc. Plus d’informations sur le Brevet de Technicien Supérieur agricole Gestion et Protection de la Nature (BTSa GPN), par Sarah Bunel La formation de BTSa GPN est une formation complète qui permet aux étudiant de développer des compétences de terrain (expertise naturaliste, chantier de génie écologique, animation d’un public, concertation territoriale) mais aussi de comprendre le contexte et la gestion d’un espace naturel. Depuis septembre 2022, le CFA-CFPPA de Coconi propose cette formation en apprentissage : les étudiants passent 75% du temps de formation dans une structure qui leur permet de découvrir le monde professionnel et les nombreux métiers liés à la protection de l’environnement. Le recrutement des apprentis pour la rentrée 2023 est en cours. Rédaction : Mariane Harmand
La Tourterelle peinte est également connue sous le nom du Pigeon de Madagascar : indigène des îles de l’Océan Indien, de Madagascar aux Seychelles, Amirantes, îles éparses et Comores… Cette espèce est naturellement divisée en plusieurs sous-espèces et sa classification est donc assez compliquée. À Mayotte, on l’appelle la Tourterelle peinte et elle correspond à la sous-espèce Nesoenas picturatus comorensis. De loin, cet oiseau paraît de couleurs grisâtre et bordeaux. On peut néanmoins détailler cette description. Le dos évolue du gris-marron au niveau de la nuque au violet foncé rougeâtre au niveau des ailes. Les plumes de la queue sont plutôt grises aux extrémités blanches. La poitrine est d’une couleur gris-mauve clair qui s’éclaircit vers le ventre. Le dessous des ailes apparaît gris pâle en vol. Les pattes sont longues et rouges, le bec est rouge violacé à la base et gris à la pointe. Enfin, ses yeux sont notables, avec une iris brune cerclée de rouge et une pupille ovale. La Tourterelle peinte s’observe dans une grande diversité d’habitats. Elle fréquente les forêts, y compris dégradées, les zones buissonnantes, les cultures et fourrés des milieux ouverts. On la retrouve du niveau de la mer jusqu’à 2000m d’altitude. Majoritairement au sol, sur un couvert clairsemé, elle se nourrit principalement de graines mais peut aussi consommer des fruits tombés et de petits insectes. © Yannick Stephan Cette espèce est sédentaire et plutôt solitaire : on peut l’observer en couple et plus rarement en petits rassemblements. Ses longues pattes lui permettent de voler habilement et puissamment. Il est ainsi probable qu’elle voyage d’une île à une autre, alors les hybridations avec d’autres sous-espèces sont possibles. Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland