Nous ne savons plus quel nom choisir pour le Courol vouroudriou : à Mayotte nous l’appelons souvent le Courol malgache mais certains utilisent le nom coucou-rollier. Enfin il est connu en shimaore en tant que Kéwu-Kéwu, ce nom décrit son chant très caractéristique et repérable à plusieurs kilomètres à la ronde : « Kéééééwu kééééééwu ». Cette espèce est endémique de la région de l’archipel des Comores et Madagascar : on trouve des sous-espèces plus petites sur les autres îles des Comores. Cet oiseau est très reconnaissable par sa tête massive qui paraît aplatie et disproportionnée par rapport au reste de son corps. Au contraire sa queue est peu allongée et ses pattes sont très courtes. Le plumage est largement différent selon le sexe de l’individu : on parle de dimorphisme sexuel. Les mâles présentent un dos gris foncé avec des reflets verts métalliques et mauves principalement visibles sur le dessus des ailes. La tête et la nuque sont d’un gris cendré plus clair, 3 lignes noires relient respectivement l’œil à la nuque, le dessus de la tête et le bec. Le ventre et la poitrine sont gris clair et les pattes marrons. © Gilles Adt Les femelles et les juvéniles présentent un dos brun foncé aux tâches noires et rousses : les nuances sont de plus en plus sombres du capuchon vers les ailes. Le rebord de l’aile porte une barre roux-canelle particulièrement reconnaissable en vol. Le ventre et la poitrine sont roux pâle voire beige, parsemés de points bruns-noirs. Le dessous de la queue présente une couleur olive. © GEPOMAY Le Courol vouroudriou est un des rares oiseaux zygodactyles au monde : il possède deux doigts vers l’avant et deux doigts vers l’arrière de la patte. Cette espèce est arboricole et fréquente tous types de forêts à Mayotte, on l’observe aussi au niveau des lisières et des cultures. Les individus peuvent rester immobiles de longs moments et passer inaperçus dans les feuillages. On entend le courol beaucoup plus souvent qu’on ne le voit. Il peut émettre des cris continus en vol : un vol lent et souple constitué par une alternance de battements rapides et de glissades. Le courol se nourrit de gros insectes et de petits reptiles, il semble particulièrement apprécier les caméléons. Une fois la proie capturée, l’oiseau la frappe plusieurs fois contre une branche avant de l’avaler. Cette espèce monogame se reproduit d’octobre à mai et reste en couple pendant cette saison. La femelle dépose les œufs dans une cavité de tronc d’arbre ou dans le creux d’une grosse branche. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland
Le Gravelot de Leschenault, aussi appelé Pluvier de Leschenault, est une espèce migratrice que l’on observe de septembre à avril à Mayotte : il y est en hivernage et porte donc son plumage internuptial. Il se pourrait que les Gravelots de Leschenault soient fidèles à leur quartier d’hivernage et donc que les mêmes individus reviennent chaque année à Mayotte. Après un hivernage sur les côtes africaines et dans l’Océan Indien, cette espèce rejoint ses sites de nidification répartis en Asie centrale, des bords de la mer Caspienne jusqu’en Chine occidentale et en Mongolie. À Mayotte, vous l’observerez le plus souvent sur la côte et au niveau des vasières. S’il se nourrit d’insectes le reste de l’année, il consomme principalement des petits crustacés et des vers marins recueillis à marée basse durant son hivernage. En plumage internuptial, son dos et son capuchon sont gris, la poitrine et le ventre sont blancs. Au niveau de la tête, la zone oculaire et les couvertures auriculaires sont grises ; la partie basse des joues, le menton et la gorge sont blancs. Les pattes sont claires, grises à jaunes, et le bec est noirâtre, relativement grand (longueur supérieure à la distance entre l’arrière de l’œil et la base du bec). Son plumage nuptial présentera des nuances orangées au niveau des zones grises citées ici et une large bande rousse au niveau de la poitrine. Le Gravelot de Leschenault est très proche et semblable à une espèce parfois également observée à Mayotte : le Gravelot ou Pluvier mongol. Les différences entre les deux espèces sont minimes, surtout en période internuptiale : seuls certains critères permettent de les différencier. Le Gravelot de Leschenault est légèrement plus grand et présente la particularité de s’abaisser en pliant les tarses lorsqu’il est en alerte. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland Photos : 1 – Thomas Ferrari / GEPOMAY 2 – Patrick Ingrémeau 3 – Loïc Epelboin
Le Râle de Cuvier est souvent décrit exclusivement sur les territoires de Madagascar et d’Aldabra, une île des Seychelles. En effet, cette espèce a longtemps été considérée comme disparue du territoire de Mayotte. Pourtant, des observations ont été reportées en 2009 puis en 2013. Des prospections et recensements de l’oiseau ont donc été organisés de 2015 à 2019 : la présence du Râle de Cuvier a alors été prouvée dans différentes zones humides de notre île. Il semble apprécier la présence d’espaces partiellement inondés et d’une couche herbacée bien développée. Cette espèce méconnue mesure environ 30cm du bec à la queue. On distingue facilement sa gorge et son menton blancs. Le reste de la tête et la poitrine sont d’un joli brun châtaigne. Son dos, sa queue et son bas ventre sont olivâtres foncés avec quelques plumes noires. Des plumes blanches sont également visibles à la base ventrale de la queue et sur le bas ventre. Ses yeux sont rougeâtres tirant vers le marron-orangé et ses pattes sont grisâtres tirant vers le marron-verdâtre. Enfin la partie supérieure et la pointe du bec sont plutôt noires alors que la partie inférieure est orangée. Les individus juvéniles sont plus homogènes, bruns pâles avec des stries noires au niveau des ailes. La tâche blanche sur la gorge est beaucoup moins marquée. Souvent bien caché dans la végétation, le Râle de Cuvier est discret à Mayotte et son comportement est peu connu. Il est cependant certain que la perte des milieux humides (assèchement, envahissement par les espèces exotiques, fermeture des milieux…) représente une importante menace pour cette espèce dont nous sommes fiers de témoigner la présence à Mayotte aujourd’hui.
Comme chaque année, le 2 février marque l’anniversaire de la signature de la Convention sur les zones humides signée en 1971 dans la ville de Ramsar en Iran. Cette ville a donné son nom au label Ramsar. Ce label permet de reconnaître les zones humides d’importance internationale ; la gestion durable et respectueuse des milieux y est fortement encouragée et valorisée. À Mayotte, l’unique site classé Ramsar à ce jour est la vasière des badamiers sur Petite Terre. Dans le cadre du Life BIODIV’OM, le GEPOMAY est actuellement en charge de deux nouvelles labellisations sur des sites exceptionnels : Le lac Karihani, unique lac naturel d’eau douce et second site de diversité avifaunistique de l’île après la vasière des badamiers ; il est également le premier site d’alimentation du Crabier blanc. La baie de Boueni accueillant la mangrove non fragmentée la plus étendue de l’île ; c’est d’ailleurs la première mangrove où ont été observés des Crabiers blancs nicheurs. Notre chargée de mission zones humides et biodiversité urbaine, Laurie, explique : « Mayotte est une île riche en milieux humides : lagunes, lac, retenues collinaires, mangroves, arrières-mangroves comme les prairies humides etc.. Des sites que le GEPOMAY suit attentivement dans deux cadres : le suivi mensuel des populations de Crabiers blancs et la restauration des prairies humides. Les zones humides rendent de nombreux services écosystémiques comme le stockage de l’eau (milieux gorgés d’eau) et du carbone, des apports pour la pêche… Ce sont aussi des milieux riches en biodiversité où l’on retrouve un grand nombre d’espèces végétales et animales. Ce sont des sites d’alimentation et de nidification pour de nombreuses espèces. Malheureusement, les zones humides sont des milieux très menacés à Mayotte : par exemple, les arrières-mangroves sont inscrites sur la liste rouge des écosystèmes. Ces milieux sont asséchés par les espèces végétales exotiques envahissantes qui colonisent l’espace à très grande vitesse. Les sols sont surexploités en cas d’agriculture intensive et de drainage. Ce sont également des milieux très pollués par la présence de nombreux déchets et le déversement de produits toxiques dans les cours d’eau. En attribuant le label Ramsar au lac Karihani et à la baie de Bouéni, le GEPOMAY espère que ces sites recevront la reconnaissance internationale qu’ils méritent. Le label permettra par la suite de faciliter la mise en place de mesures de restauration et de gestion qui sont nécessaires à ce jour.» Le GEPOMAY travaille également à sensibiliser les publics sur l’importance des zones humides. La convention Ramsar propose de fêter la journée mondiale des zones humides autour d’un thème commun et d’animations proposées sur la totalité du mois de février. Nous proposons donc de vous faire découvrir une zone humide de l’île chaque samedi du mois ! Cette année le thème est clair : « Il est urgent de restaurer les zones humides ! », un sujet qui parle au GEPOMAY qui a coordonné, grâce au Life BIODIV’OM, des chantiers de restauration sur les prairies humides de Malamani et d’Ambato. Nous recherchons des bénévoles pour notre prochain chantier d’arrachage les 15 et 16 mars 2023 à la prairie humide de Malamani. Vous participerez à restaurer la prairie humide en luttant contre les espèces exotiques envahissantes. N’hésitez pas à contacter l’adresse mission.biodivom@gepomay.fr ou le 0269 61 05 90.
Le Héron garde-bœufs est une espèce présente sur les 5 continents habités par l’Homme. Il reste le plus courant en Afrique et est très commun à Mayotte. Cette espèce sédentaire peut facilement être observée sur les pelouses urbaines et aux abords des décharges à ciel ouvert mais, comme son nom l’indique, elle est principalement présente au niveau des cultures, en présence de bétail. En effet, ce héron profite du dérangement causé par les bêtes pour capturer ses proies. Il se nourrit majoritairement d’insectes et arthropodes du sol mais il profite également des petits vertébrés (reptiles, amphibiens, petits oisillons ou rongeurs). L’espèce est globalement peu vocale et l’on observe les individus en groupe. À Mayotte, des colonies mixtes se réunissent à la cime des palétuviers lors de la saison de reproduction, on peut y trouver des Grandes aigrettes ou des Crabiers blancs. Durant cette période, le partage des tâches est de rigueur : le mâle collecte les matériaux tandis que la femelle se charge de la construction même du nid. Une colonie reproductrice se signale par une sorte de bavardage continu fait de pépiements juvéniles et des « roc roc roc » des adultes. Hors reproduction, les Hérons garde-bœufs restent réunis en dortoirs. On différencie, selon les saisons, deux plumages du Héron garde-bœufs : le plumage globalement blanc prend des nuances orangées au sommet de la tête, dans la nuque et sur le haut de la poitrine en reproduction. Alors les pattes et le bec sont d’un orange vif voire rougeâtres. Le plumage internuptial est moins contrasté, les nuances du plumage disparaissent, bec et pattes sont jaunâtres. L’immature se distingue par son plumage blanc homogène, un bec jaune et des pattes noirâtres. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland