Bravo ! Vous avez repéré le Drongo de Mayotte, une espèce endémique de l’île. Écoutez ses vocalisations amusantes et apprenez à le reconnaître à l’oreille :
À Mayotte et ailleurs, les migrations prénuptiales des oiseaux côtiers ont commencé et dureront jusqu’en juin. Notre île est un carrefour migratoire important qui accueille près d’une trentaine d’espèces côtières migratrices : ces oiseaux ne se reproduisent pas sur l’île. Ils ont passé les derniers mois sur place, en hivernage, pour trouver de la nourriture et repartent pour la période de reproduction qui aura lieu sur d’autres territoires. Vous pouvez donc avoir l’opportunité en ce moment d’observer les premiers plumages nuptiaux des oiseaux migrateurs. Ces parures de séduction peuvent transformer l’allure des individus que vous avez l’habitude d’observer. Observez ci-dessus les deux plumages du Gravelot de Leschnault : à gauche, en période internuptiale, il est gris/roux avec une tête claire et un bec marron ; à droite, il se pare d’un plumage nuptial bien plus marqué : le ventre reste blanc mais son dos est gris et se différencie de la bande rousse sur sa poitrine , le bec est bien plus foncé et s’associe à un masque facial gris/noir qui contraste avec le capuchon principalement roux également. Voici également, à gauche, deux Tournepierres à collier qui ne présentent pas le même plumage. L’individu de droite est bien plus contrasté et coloré, on différencie bien le marron/roux du noir et du blanc : il est en plumage nuptial. À gauche, c’est encore un plumage internuptial : on commence à peine à différencier ces taches de couleurs qui vont s’accentuer avec la reproduction. Enfin, repérez à droite ce Chevalier aboyeur en cours de mue : son ventre commence à se moucheter et les plumes de ses ailes prennent en graphisme. En plumage nuptial terminé, son ventre sera presque rayé et son dos plus foncé. En plumage internuptial, il est plus pâle et ces dessins sont moins apparents. S’apprêter n’est pas le tout pour se reproduire. Il faudra également pour cela migrer sur des milliers de kilomètres pour atteindre les territoires de nidification. Au départ de Mayotte les oiseaux migrent en majorité en Asie de l’Ouest et jusqu’en Sibérie ! C’est aussi en préparation de ce long voyage que les migrateurs se reposent sur nos côtes et nos îlots depuis le mois de septembre : les réserves énergétiques stockées durant cet hivernage sont cruciales et la dépense d’énergie doit donc être minime pendant cette période. La migration prénuptiale gagne à être rapide. En effet, les premiers mâles arrivés pourront occuper les meilleurs territoires et attirer les femelles les plus intéressantes. Photos : Thomas Ferrari – GEPOMAY Rédaction : Mariane Harmand – GEPOMAY
La Talève d’Allen est un oiseau discret et plutôt mystérieux. En effet, nous n’avons que peu de renseignements sur cette espèce difficilement observable. On la retrouve dans les prairies inondées et aux abords des lacs d’eau douce à la végétation dense : c’est le cas du lac Karihani ou au niveau des retenues collinaires à Mayotte. Très souvent retirée sous le couvert épais de végétation, il est plus probable d’observer la Talève durant les premières heures du jour. Un peu plus petit que la Poule d’eau, cet oiseau présente un dos au plumage vert-olive et un ventre bleu-violet. On reconnaît facilement ses longues pattes rouge-orangées et sa plaque frontale bleue turquoise et son bec rouge. Au décollage d’un individu, on peut toujours observer ses pattes et ses longs doigts qui pendillent derrière sa queue. Les jeunes, eux, sont plutôt bruns aux parties inférieures plus crème. Le régime de la Talève comprend mollusques et petits invertébrés ainsi que des poissons de taille modeste. L’espèce a également une alimentation végétale à base de graines, fruits, herbes et feuilles. Les Talèves d’Allen font preuve d’ingéniosité pour se nourrir et sont par exemple capables de construire des sortes de plateformes leur permettant de cueillir leurs aliments jusqu’à 2 mètres de hauteur. Cet oiseau est aussi connu pour son kleptoparasitisme, notamment lorsqu’il recherche de la nourriture. Il peut alors dérober les graines ramassées par d’autres espèces. Même si elle nage volontiers, une talève en danger fuit en courant à couvert, tête baissée et queue relevée, dévoilant son plumage du bas ventre. Sources : Oiseaux.net Crédits : GEPOMAY – Pierrick Lizot – Alexandre Laubin
La Grande aigrette est une espèce présente mondialement à l’exception du continent Antarctique et qui occupe une très grande variété de zones humides. À Mayotte, c’est la sous espèce Ardea alba melanorhynchos que nous observons. Son plumage entièrement blanc, sa grande taille et son cou en forme de S au repos la rendent très reconnaissable. Ses battements d’ailes, lents et souples, lui confèrent une certaine élégance. Une caractéristique facilement repérable est la longueur de la commissure buccale : dorsalement, elle dépasse nettement l’œil. Ses vocalisations sont toujours graves et rauques. En période internuptiale le bec est jaune orangé et les pattes sont noires. La saison de reproduction arrivant, le bec s’assombrit, les pattes rougissent et le contour des yeux verdit. Des plumes ornementales, plus longues et avec de fines barbes apparaissent sur le dos des individus donnant l’aspect d’un voile : on appelle ces plumes de séduction les aigrettes. Dans l’eau ou sur la terre, la Grande aigrette avance d’un pas lent ou se tient à l’affût. Il lui arrive d’agiter sa patte à la surface de l’eau pour tromper sa proie qui sera alors harponnée du bec. Si c’est préférentiellement des poissons qu’elle consomme, cette espèce se nourrit également de batraciens, d’insectes, de petits reptiles ou rongeurs. C’est également avec le bec que ces derniers seront poignardés. Ces oiseaux actifs en journée se rassemblent préférentiellement en dortoir la nuit. Comme d’autres Ardéidés, l’espèce est plutôt sociable. Elle niche également le plus souvent en colonies, parfois avec d’autres espèces, dans des arbustes proches de l’eau. Ce trait de caractère n’empêche pas une compétition possible sur les sites d’alimentation où la nourriture est de plus en plus rare. En effet, la Grande aigrette est de plus en plus exposée à la perte de ses habitats par la dégradation croissante des zones humides. Mais encore – La Grande Aigrette a payé sa beauté. La mode européenne du 19ème et du début du 20ème siècle convoitait en effet ses plumes ornementales. Les chapeaux et tenues des dames du beau monde ont donc failli être localement fatals à l’espèce mais l’évolution vestimentaire et les mesures de protection mises en place pour l’espèce l’ont sauvée.
Ce week-end a lieu le comptage Wetlands auquel participe l’association GEPOMAY. Compter les oiseaux d’eau tous les ans à la même période et à l’échelle mondiale : une méthode pour estimer la distribution des espèces à l’international mais aussi calculer les tendances des populations sur les différentes voies de migration et identifier les sites d’importance pour l’avifaune. Wetlands International est une organisation non-gouvernementale qui œuvre pour la protection et la restauration des zones humides à l’échelle mondiale. Cette organisation coordonne notamment le comptage international annuel des oiseaux d’eau, dit comptage Wetlands, depuis 1967. Le Groupe d’Etudes et de Protection des Oiseaux de Mayotte (GEPOMAY) répond à l’appel. Chaque année, vers la mi-janvier, ont lieu les comptages Wetlands de manière simultanée sur la planète : l’objectif est d’obtenir un instantané de la répartition des oiseaux d’eau sur les différentes voies de migration. Ces comptages représentent près de 180 pays sur cinq grandes régions biogéographiques : Asie-Pacifique, Afrique-Eurasie, Caraïbes, Amérique centrale et zone Néotropique. En France, ce travail est coordonné par la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Sur la voie migratoire Asie de l’Ouest-Afrique de l’Est, Mayotte représente un lieu d’hivernage et une halte migratoire primordiale pour de nombreux oiseaux migrateurs. Entre 15 et 18% de la population biogéographique de Sternes voyageuses, 12 reposoirs reconnus d’importance internationale, une vingtaine d’espèces de limicoles chaque année : les comptages Wetlands sont bien évidemment réalisés dans le 101ème département français et ce depuis 2013. Le nombre de sites de comptage a d’ailleurs évolué de 1 à une vingtaine aujourd’hui sur l’île. La synthèse 2021 des résultats des comptages Wetlands en France pointe du doigt ce travail organisé par le coordinateur de l’Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte au GEPOMAY (OOCM), Thomas Ferrari. « L’importance de ces comptages réside dans le fait qu’ils sont synchronisés mondialement, ils permettent ainsi d’avoir des estimations précises des effectifs d’oiseaux d’eau. Leur bonne réalisation est possible grâce à une forte mobilisation bénévole partout dans le monde. À Mayotte, le GEPOMAY réalise ces comptages à l’aide du Parc Naturel Marin de Mayotte, du Conseil Départemental et de quelques bénévoles. Malgré cette aide, nos comptages s’étalent sur plusieurs jours. Nous aimerions développer un réseau de bénévoles plus important pour synchroniser au mieux ces comptages. » Thomas Ferrari, coordinateur de l’OOCM au GEPOMAY Avec une souplesse de sept jours autour des dates officielles selon les contraintes locales, le comptage 2022 a lieu ce week-end du 15 et 16 janvier. Le GEPOMAY et ses partenaires ont déjà terminé le travail et ont passé au total 19 sites du territoire au peigne fin du 11 au 14 janvier 2022. Ces résultats alimenteront les études globales sur les tendances de populations à court et à long termes pour la protection des espèces mais aussi, dans un cadre plus large, pour la protection des zones humides, milieux indispensables pour la vie sur Terre. Rédaction : Mariane Harmand Pourquoi la mi-janvier ? Depuis quand ? Combien de bénévoles et de sites ? Comment participer ? Apprenez en plus (sources) : – Wetlands International – Wetlands International en France par la LPO – L’OOCM au GEPOMAY