Découvrez le Drongo de Mayotte (Marimudu en Shimaoré, Lairuvi en Kibushi), l’espèce emblématique de nos forêts humides ! Photos : © N. Santa Maria, © L. Epelboin, © P. van Giersbergen, © F. Jeanne, © P. Ingremeau Le Drongo de Mayotte appartient à la famille des dicruridés, qui compte une trentaine d’espèces réparties dans la zone tropicale, du continent africain jusqu’en Indonésie/Malaisie. Cette famille recense de nombreuses espèces endémiques, notamment dans les îles de l’Océan Indien, comme notre Drongo de Mayotte. Les drongos sont des oiseaux généralement noirs ou foncés, insectivores. Le Drongo de Mayotte est le plus grand drongo de l’archipel des Comores, et mesure près de 40 centimètres. Son corps (plumage, bec, pattes) est entièrement noir charbon, avec des reflets bleus-verts. Seul son iris rouge brique ressort. Il a une longue queue fourchue d’environ 20 centimètres. Son bec est fort, avec des vibrisses bien visibles. Les deux sexes sont identiques, bien que la femelle soit légèrement plus petite. Les juvéniles ont le plumage brun-noir, leur queue est plus courte et moins fourchue. Les Drongos vivent dans les forêts naturelles humides à mésophiles. On les retrouve de plus en plus dans les zones d’agroforesterie (vergers, plantations d’ylang…) et dans les arrières-mangroves. En revanche, il est totalement absent des milieux secs, comme Petite-Terre ou le sud de Grande-Terre. Cette espèce vit en couple toute l’année. Ce sont des oiseaux très territoriaux, qui défendent leur arbre « bec et ongle » avec des parades et des attaques : tout étranger entrant sur leur territoire (qui peut atteindre 10 hectares en zone ouverte) peut se voir chassé, qu’il soit un autre Drongo, un makis, une roussette… ou même un humain ! Les parades dansantes, pratiquées par le mâle et la femelle, servent alors à marquer le territoire, mais aussi à renforcer les liens du couple, qui restera fidèle toute la vie. Elles prennent la forme de danses, intensifiées pendant la période de reproduction. Les oiseaux se balancent de haut en bas, ondulent leur corps et leur queue. Ils utilisent également des chants très variés, eux aussi renforcés pendant les parades nuptiales, tantôt chantant en duo, tantôt imitant d’autres espèces d’oiseaux. Les Drongos sont insectivores. Les cigales sont leur met de prédilection (elles représentent près de la moitié de leur alimentation), suivi par les araignées, les guêpes, papillons, chenilles, criquets et autres moustiques. Ils repèrent leur proie depuis une branche, à l’affût. Ils se lancent ensuite dans un vol acrobatique pour la capturer. Souvent, la proie est ensuite frappée contre une branche, et ainsi débarrassée de ses élytres. Les Drongos de Mayotte se reproduisent pendant la saison des pluies. Chaque couple niche en solitaire. Le nid, construit par les deux parents, est construit en une semaine. Il est placé sur un grand arbre, à une dizaine de mètres du sol. Entre octobre et décembre, 1 à 3 œufs crèmes rosés, tachetés de roux, sont pondus. Si la première nichée échoue, le couple construit un second nid dans un autre emplacement. L’incubation dure environ 3 semaines, la couvaison étant pratiquée par les deux parents. Les jeunes restent au nid 3 semaines, et sont toujours nourris par les parents une fois sortis du nid. Les juvéniles restent auprès de leurs parents jusqu’à la prochaine nidification. Cette espèce est classée « vulnérable » sur la liste rouge de l’UICN. La déforestation pour la culture sur brûlis et l’urbanisation attaque de plein fouet le Drongo. Son habitat de prédilection étant touché, il est contraint de s’adapter et de se déplacer vers des zones plus ouvertes. Son caractère endémique en fait un ambassadeur du patrimoine naturel de Mayotte ! Sources : Fiche Drongo de Mayotte – Oiseaux.net Les oiseaux de Mayotte – Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland
À l’occasion du mois du Souimanga au GEPOMAY, et en attendant l’Aïd, nous vous proposons de redécouvrir un conte pour petits et grands : l’histoire d’Abdillah, l’oiseau le plus coloré de l’île. Ouvrez grand vos oreilles !
Découvrez le Souimanga de Mayotte (Suisui ou Mwanatsé en Shimaoré), l’une des trois espèces endémiques de l’île. Photos : © Nathalie Santa Maria, © Gilles Adt, © GEPOMAY Les Souimangas sont des petits passereaux (celui de Mayotte ne mesure que 10 centimètre, ce qui en fait le plus petit oiseau de l’île). Leurs becs sont longs, fins et courbés pour récolter le nectar des fleurs dont ils se nourrissent. La plupart des espèces présentent un dimorphisme sexuel très marqué : le mâle et la femelle sont très différents, comme pour l’espèce de Mayotte. Le mâle arbore un plumage très coloré. Sa tête, son dos et sa queue sont bleues-vertes métalliques, ressemblant presque à des écailles. Son ventre est jaune vif avec une tâche rouge verticale sur le thorax. La femelle est plus terne, avec ta tête et le dos gris-vert et le ventre jaune pâle. Le juvénile ressemble à la femelle, mais a le bec plus court. Attention ! On rattache souvent le Souimanga à la famille des colibris, mais ce n’en est pas un : ces derniers résident uniquement en Amérique centrale, et sont capables du vol « en marche arrière », ce qui n’est pas le cas des Souimangas. Le Souimanga de Mayotte vit surtout dans des zones ouvertes : en lisière de forêt, ou sur ses sentiers, dans les zones cultivées, dans les espaces végétalisés des villages (parc, jardins…). C’est une espèce mobile, qui préfère les milieux secs, mais on peut néanmoins la retrouver jusqu’en mangrove. En Grande Terre, elle est présente partout à l’exception des monts Bénara et Choungui. En Petite Terre, c’est autour du Dziani Dzaha et des plages que l’on peut la croiser. Le Souimanga se nourrit du nectar des fleurs, qu’il va chercher grâce à son long bec et sa langue tubulaire. Il affectionne particulièrement les fleurs de corbeille d’or (Lantana camara, ci-contre), les fleurs de bananier et de flamboyant. C’est aussi le pollinisateur principal d’Aloe mayottensis, une plante grasse endémique de Mayotte. Il peut se nourrir également, en complément, de petits insectes et d’arthropodes. Cette espèce vit en couple toute l’année. Elle économise ainsi une énergie importante dans la recherche du/de la partenaire et dans les parades nuptiales, qui deviennent alors secondaires. La période de reproduction débute en septembre. La femelle construit le nid, constitué d’herbes sèches entrelacées. Il ressemble à une boule ovale d’une dizaine de centimètre, avec une ouverture latérale, suspendue au bout d’une fine branche, peut-être en avez-vous déjà vu en vous promenant dans la forêt ! Cette technique de suspension permet d’éviter les prédateurs. Pendant la construction, le mâle reste à proximité et chante. La femelle construit ensuite un second, voire un troisième nid, espacés d’environ 1 mètre du premier. Les nichées se succèdent. Elles sont constituées de 2 œufs incubés pendant une dizaine de jours. La femelle nourrit seule la première nichée, pendant 2 semaines environ. Le mâle s’investit dans les 2ème et 3ème nichées. Le Souimanga de Mayotte est une espèce considérée comme commune sur notre île, et n’est pas menacée. Du fait de sa forte présence et de son caractère endémique, on estime qu’elle dispose d’une forte valeur patrimoniale pour le territoire et ses habitant.es. Sources : Fiche Souimanga de Mayotte – Oiseaux.net Les oiseaux de Mayotte – Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland
Être enfermé.e, ça a (aussi) du bon : profitez de ce temps libre pour apprendre à reconnaitre les oiseaux les plus communs, depuis votre fenêtre ! Vous ne les verrez peut-être pas – certains sont discrets – mais grâce à ces chants, vous pourrez facilement les identifier. Le GEPOMAY a sélectionné pour vous 17 chants d’oiseaux. Et comme il y en a pour toutes les heures de la journée, nous y avons glissé 2 espèces nocturnes…
Au mois de février, le GEPOMAY a effectué une nouvelle mission de « Capture-Marquage-Recapture » sur les Pailles-en-Queue dans les îlots Hajangoua. Une action en partenariat avec le laboratoire Entropie de la Réunion et le Parc Naturel Marin de Mayotte. Un projet de recherche de longue date Depuis 2011, l’Unité Mixte de Recherche « Entropie » (Ecologie Marine Tropicale des Océans Pacifique et Indien) procède à une étude sur les Paille-en-Queue sur l’un des îlots Hajangoua. Le protocole de « Capture-Marquage-Recapture » (CMR) est appliqué : les oiseaux sont bagués, relâchés et capturés à nouveau quelques mois plus tard. Ainsi, un suivi temporel de la population peut être réalisé : son évolution dans le temps, sa structure (classes d’âge, taux de renouvellement de la population par les jeunes…). L’objectif est de mieux connaitre la biologie et l’écologie de l’espèce. L’étude est menée par Matthieu Le Corre, chercheur référent sur les oiseaux marins au laboratoire. Il s’agit de la première étude sur les Paille-en-Queue à Mayotte. L’espèce est par ailleurs suivie dans d’autres îles de l’Océan Indien (Madagascar et Europa notamment), afin d’appréhender les populations à l’échelle régionale. La « mission 14 » En février 2020, l’équipe du GEPOMAY s’est mobilisée pour effectuer la 14ème mission CMR sur les Pailles-en-Queue, afin de continuer le travail effectué par Entropie. Ce n’est pas sa première participation : l’association a collaboré avec le laboratoire quasiment à chaque venue de Matthieu Le Corre sur le territoire mahorais. Pour cette mission de trois jours, le GEPOMAY a reçu le soutien financier et technique du Parc Naturel Marin de Mayotte, dans le cadre du projet « Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte ». Deux missions similaires auront lieu d’ici à la fin de l’année. Le Paille-en-Queue, un oiseau commun mais encore méconnu à Mayotte Le Paille-en-Queue, ou Phaéton à bec jaune, est le seul oiseau marin qui se reproduit à Mayotte. C’est aussi l’oiseau le plus observé dans le lagon. Pour autant, son écologie reste encore méconnue à Mayotte : on ne connait pas sa période de reproduction, sa fidélité potentielle au site de reproduction… Réparti partout sur la zone tropicale (d’où son nom anglais « Tropic bird »), il niche dans les cavités rocheuses, nombreuses autour de Petite Terre et sur les îlots rocheux. On soupçonne le rat d’être un prédateur des œufs et des poussins de l’oiseau. En effet, cette espèce exotique envahissante présente une menace directe pour de nombreux oiseaux, notamment ceux qui nichent au sol. La « mission 14 » a permis de faire un point sur la présence de rat sur l’îlot. Pour aller plus loin… La fiche oiseau « Phaéton à bec jaune » Le site de l’UMR Entropie L’Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte Le réseau TsiÔno