Organisée fin novembre 2019, le GEPOMAY a réalisé une mission de capture et d’équipement de Crabiers blancs dans le cadre du Life BIODIV’OM en compagnie de spécialistes, une première au niveau mondial. Le Crabier blanc Le crabier blanc, Ardeola idae, est un petit héron au plumage marron beige strié de noir et qui présente en saison de reproduction un plumage blanc et un bec bleu vif. Cette espèce très craintive se reproduit uniquement sur quatre îles du monde : Madagascar, Aldabra, Europa et Mayotte. Mayotte est le deuxième site de reproduction de l’espèce en termes d’effectifs (182 couples en 2018). Cette espèce est classée « En danger d’extinction » sur la liste rouge mondiale (EN, IUCN) et « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge française (CR, UICN). A Mayotte, l’espèce est menacée par la perte et la dégradation des zones humides, sites de reproduction et d’alimentation de l’espèce, par le dérangement et par le braconnage des œufs et des poussins. La prédation des œufs et des jeunes par le rat est suspectée, mais n’est pas avérée pour le moment. Identifier les secteurs d’alimentation de l’espèce A l’heure actuelle, les données sur l’espèce sont peu nombreuses et peu d’études ont été réalisées malgré le statut de conservation défavorable du crabier blanc. La mission entreprise en cette fin 2019 qui sera suivie d’autres missions en 2020 et 2021 permettra d’équiper au total 15 oiseaux de balises GPS afin d’améliorer les connaissances sur l’écologie de l’espèce. Elle permettra de répondre aux questions suivantes : Le crabier blanc s’alimente-il sur des zones en particulier qui nécessiteraient d’être mieux gérées ou conservées ? Les individus d’une même colonie s’alimentent-ils tous au même endroit ou sur des zones différentes ? Chaque individu garde t’il toujours les mêmes sites d’alimentation au cours du temps ? En période de reproduction, quelle est la taille du domaine vital du crabier blanc ? Hors période de reproduction, quels sont les déplacements au niveau local et régional ? Où migrent les individus quittant Mayotte pendant la saison sèche (mars à août) ? Reviennent-ils à Mayotte chaque année ? Des spécialistes présents pour cette grande première Afin d’assurer la réussite de cette mission et compte-tenu de sa grande nouveauté, une équipe de spécialistes a accompagné le GEPOMAY dans la réalisation de la mission. Elle s’est rendue à Mayotte en cette fin d’année afin de soutenir l’équipe du GEPOMAY dans le but d’assurer les opérations de captures et d’équipement des oiseaux : Alexandre LAUBIN : Chargé de mission expertise et accompagnement à la LPO Franche Comté, bagueur généraliste collaborateur du CRBPO et mis à disposition à la LPO France dans le cadre du Life BIODIV’OM, Alexandre est doté d’une expérience d’un an et demi au sein de l’association GEPOMAY et de deux ans dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises, territoires sur lesquels il a notamment travaillé sur le Crabier blanc. Il connait la configuration des sites de reproduction de l’espèce et les conditions de terrain à Mayotte. Loïc et Pierrick MARION : Loïc, chercheur émérite au CNRS à l’Université de Rennes 1, est spécialiste de l’écologie des oiseaux piscivores (ardéidés, Grand cormoran, etc) et également membre du Conseil National pour la Protection de la Nature (CNPN). Avec son frère, Pierrick, jeune retraité de la DREAL Nouvelle aquitaine et également bagueur généraliste collaborateurs du CRBPO, ils baguent depuis une cinquantaine d’années des ardéidés en milieu particulièrement difficile et ont également déjà équipé des jeunes spatules de balises Argos et suivi des adultes de hérons cendrés par radiotracking. Jan VAN DER WINDEN : Chercheur et bagueur hollandais, il étudie l’utilisation de l’habitat et l’écologie de la migration des oiseaux d’eau tels que le Héron pourpré ou le Butor. Fort d’une expérience en capture, pose de harnais et de balise GPS, il a participé à plusieurs études concernant les oiseaux des zones humides (Bénin, Ukraine, Russie…), dont celle étudiant les déplacements du Héron agami Agamia agami en Guyane, lors du LIFE+ CAPDOM. La mission Les crabiers blancs se reproduisent à Mayotte au cœur de certaines mangroves. Les couples vont construire leur nid à la cime des palétuviers, arbres composant cet écosystème. Pour pouvoir les équiper de balises, l’équipe de spécialistes, accompagnée de l’équipe du GEPOMAY, ont capturé certains individus. Les individus ont été capturés au sein de deux héronnières installées dans les mangroves d’Ironi Bé et Chiconi. Le GEPOMAY et l’équipe de spécialistes ont réalisé un travail conséquent en amont de la mission de capture afin de tester le matériel en conditions réelles et de s’assurer de sa faisabilité. Cette phase préparatoire a notamment permis d’étudier le comportement de l’espèce face aux dispositifs mis en place et ainsi améliorer les techniques de capture à mettre en œuvre. Chaque individu capturé a été bagué avec une bague métallique à code unique et des mesures biométriques ont été effectuées (longueur du bec, de l’aile, masse…). Ensuite, l’oiseau a été équipé d’une balise GPS maintenue à l’aide d’un harnais. Cet équipement comprenant un panneau solaire permettant le rechargement de la batterie pèse moins de 5 grammes soit moins de 3% du poids total de l’oiseau. Enfin, l’individu a été directement relâché. Ainsi pour la première mission de baguage de Crabier blanc à Mayotte, 11 jours auront été nécessaires pour réussir à équiper 6 individus et assurer le succès de la mission. Des premiers essais de récolte des données GPS avec antenne ont commencé et des informations sur le déplacement de certains individus ont déjà été recueillies. Grâce aux efforts des spécialistes pour remplir cette mission délicate, les objectifs ont été atteints ! De nouvelles missions de capture seront programmées au cours des prochaines années. Florent Bignon Envie d’en savoir plus ? Site du programme Life BIODIV’OM Nos actions en faveur du Crabier blanc La fiche oiseau « Crabier blanc »
Le faucon pèlerin (shipanga en Shimaoré) est un rapace très rare à Mayotte. Sur l’île, les connaissances sur cette espèce sont peu abondantes. Apprenez à le reconnaitre et transmettez vos observations au GEPOMAY, nous en avons besoin pour protéger l’espèce ! Le faucon pèlerin, ou falco peregrinus, est un petit rapace. Il mesure 40 cm et son envergure peut atteindre un mètre. Ses parties supérieures sont noires, ses parties inférieures sont blanches striées de noir, son bec et ses pattes sont jaunes. Attention, ne le confondez pas avec l’épervier de Francès ! Le faucon pèlerin est un oiseau présent sur les cinq continents. A Mayotte, il est sédentaire : il ne migre pas et se reproduit sur l’île. Sa reproduction n’est d’ailleurs confirmée que depuis 2014, et on ne connait à l’heure actuelle que deux sites de nidification. Il est considéré à Mayotte comme très rare, on ne compterait qu’une dizaine de couples reproducteurs ! Le faucon pèlerin se nourrit d’oiseaux capturés en vol. Il a une technique de chasse spectaculaire : après avoir pris de l’altitude en planant en cercle, il effectue un plongé vertigineux jusqu’à sa proie. Parfois, l’oiseau lui échappe, et c’est alors une poursuite acrobatique qui s’entame. Ce rapace est rupicole : il niche dans les falaises de l’île. Le nid est installé sur une corniche, et quatre œufs crème tachés de brun y sont pondus. La femelle les couve, et le mâle apporte les proies, qui sont ensuite dépecées par la femelle avant d’être données aux jeunes. On observe le faucon pèlerin souvent en vol. Pendant sa saison de reproduction (de juillet à novembre), on le retrouvera autour des falaises où il installe son nid. Le reste de l’année, on l’observe partout sur le territoire mahorais. La sous-espèce de faucon pèlerin présente à Mayotte serait intermédiaire entre la sous-espèce Radama (de Madagascar) et Perconfusus (d’Afrique). Ce phénomène serait dû à des flux génétiques entre ces deux régions du monde. Des analyses génétiques sont envisagées pour déterminer si la sous-espèce de Mayotte serait endémique de l’île. Sources : Fiche faucon pèlerin – Oiseaux.net Les oiseaux de Mayotte – Michel Clément, Philippe de Grissac et Robin Rolland Référentiel des espèces protégées 2019 – GEPOMAY
Le GEPOMAY recrute son/sa futur-e stagiaire. Le thème du stage ? Les bases de données. Plus précisément, il s’agit de mettre au format SINP une base de donnée, et de créer un outil d’aide à la décision.
Partez à la découverte du Crabier blanc, un petit héron emblématique de Mayotte. Le GEPOMAY participe à la protection du crabier blanc à travers le programme Life BIODIV’OM. Pour en savoir plus sur nos actions, c’est par ici, Pour en savoir plus sur le programme Life BIODIV’OM, c’est par là.
Le Courlis corlieu est un limicole que l’on retrouve partout sur le littoral mahorais.