Au plumage entièrement noir bleuâtre, le Corbeau pie porte un petit costume blanc sur le haut du manteau, la nuque, le cou, la poitrine et le haut du ventre. Son bec, son iris et ses pattes sont également sombres. Il possède de longues vibrisses nasales sous le bec : ces plumes à l’aspect de poils transmettent leurs vibrations à un organe sensoriel. Le vol de cet oiseau est d’une assez grande amplitude, il lui arrive aussi de planer en utilisant les courants thermiques. Le Corbeau pie est le seul corvidé représenté à Mayotte mais il est très facilement observable. En effet, il est omnivore et ne s’inquiète pas de la présence d’humains ; il peut donc être très abondant localement. Cette espèce vit en couples fidèles ou en petits groupes mais de plus grands rassemblements peuvent se former sur des sites de ressources abondantes : on peut observer des nuées de 1000 individus au niveau des dépôts d’ordures ou des abattoirs par exemple. Les Corbeaux pies sautillent souvent à terre, ce sont surtout des fouilleurs et des nettoyeurs : ils recherchent leur nourriture près des logements et des champs cultivés. Leurs comportements varient de la familiarité à la méfiance selon le degré de tolérance que leur accordent les habitants. Insectes, petits passereaux, reptiles, amphibiens ou mammifères, charognes, fruits et graines, ces oiseaux sont complètement omnivores. Le corbeau fréquente de nombreux types d’habitats ouverts. Son nid est massif, construit avec des petites branches et autres matériaux trouvés au niveau des habitations. Il est placé sur un point culminant et protégé farouchement. Cette espèce garde son territoire d’un comportement agressif : il n’est pas rare que des Corbeaux pies harcèlent ou attaquent des rapaces de grande taille. À Mayotte, le Corbeau pie est une espèce indigène donc protégée mais pas menacée. Il est fort probable que les activités humaines sur l’île et notamment les déchets sauvages aient favorisé sa multiplication. Omnivore, opportuniste et sans prédateur, cette espèce généraliste peut rapidement se développer au détriment des espèces plus spécialistes. Très connu pour se nourrir des jeunes tortues vertes lors des émergences sur les plages, cet oiseau pourrait aussi avoir une incidence importante sur cette espèce en danger mondial et protégée sur l’île. Crédits photo : Quentin Esnault ; Yannick Stephan ; Nicolas Bazin
Avez-vous déjà aperçu l’Epervier de Francès (bekburi en Shimaoré) en vous promenant à Mayotte ? Très commun, il est facile de l’observer. Une chance : c’est un oiseau endémique de l’archipel des Comores et de Madagascar ! L’Epervier de Francès, ou Accipiter francesii, est un petit rapace : il mesure une trentaine de centimètres, et soixante-dix d’envergure. Ses parties supérieures sont brunes, ses parties inférieures sont blanches striées de brun. Il a des ailes grises au dessus et blanches en dessous. Son bec est gris et ses pattes sont jaunes. Attention, ne le confondez pas avec le faucon pèlerin ! Cet oiseau est endémique de Madagascar et de l’archipel des Comores : on ne le retrouve que dans nos îles ! Il est très commun à Mayotte et peu farouche, on peut facilement l’observer. L’Epervier de Francès est un nicheur sédentaire à Mayotte : il y reste toute l’année et s’y reproduit. Il se nourrit de reptiles (scinques et geckos notamment), de gros insectes, d’amphibiens, de rats, et parfois de petits oiseaux. Contrairement à la majorité des rapaces, il chasse à l’affut depuis son perchoir. L’Epervier de Francès se reproduit à Mayotte. Les oiseaux vivent en couple toute l’année, même en dehors de la saison de nidification. Il construit son nid sur la fourche d’un arbre, entre 5 et 15 mètres de hauteur. Il y pond 3 à 4 œufs blancs. A l’origine, on ne trouvait l’Epervier de Frances que dans les forêts primaires et les savanes arborées. Depuis une période récente, et probablement à cause de la dégradation de ces zones, il se déplace dans les milieux anthropisés : jardins, parcelles agricoles, villages. Exception dans l’archipel des Comores : on le retrouve aussi dans les mangroves. On repère cet oiseau à son cri : un « kee kee kee » trainant, aigu. On l’observe surtout depuis son perchoir, qui peut être une branche, un fil électrique… Chaque île où niche l’Epervier de Francès abrite une sous-espèce spécifique. A Mayotte, il s’agit de la sous-espèce « brutus ». Cette dernière présente des caractéristiques particulières : dimorphisme sexuel peu marqué, cris originaux, écologie particulière… autant de critères qui plaideraient pour que l’Epervier de Francès de Mayotte soit une espèce reconnue à part entière. Sources :
Avec une vingtaine de centimètres, il n’est pas le plus grand des gravelots, contrairement à son nom. Il est reconnaissable à son œil sombre, sa grande tache blanche sur le front, ses pattes de couleur orange vif, tout comme son bec exceptée la pointe qui est noire. La femelle a un bandeau brun sur la poitrine. Une barre alaire blanche est bien visible en vol. C’est un oiseau peu farouche qui se nourrit de crustacés, de petits mollusques, d’annélides, d’insectes et de leurs larves. Territorial en période de reproduction, il est grégaire en dehors. Le couple est fidèle et niche du cercle arctique jusqu’au nord de l’Europe. Le nid est fait au sol sur une plage de sable ou de galets, ou au bord des plans d’eau dans la toundra. La femelle dépose 3 à 5 œufs qui écloront en même temps, les poussins peuvent ainsi suivre les parents. Le duvet des jeunes leur sert de camouflage. De couleur gris-beige avec des tâches noirâtres, il se fond au milieu du sable ou des galets. Le développement des poussins est rapide, ils voleront après 24 jours. Migrateur, le gravelot hiverne jusque dans les îles de l’océan indien. Fréquentant des vastes espaces à la végétation peu développée, il a une préférence pour les vasières et les substrats rocheux comme les beach-rocks où il trouve sa nourriture. Bien qu’il ne passe que cinq mois sur notre île, c’est l’espèce de limicoles la plus abondante à Mayotte. Vous pourrez donc l’observer facilement d’octobre à mars sur la vasière des Badamiers ou le platier de l’aéroport. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte Bilan n°2 : Analyses des données de suivis de 2012 à 2021, Thomas Ferrari, Florinah H. Razafimandimby, Merlène Saunier & Steeve Mathieu, GEPOMAY – ENTROPIE
Ce chevalier tire son nom de son cri qui évoque un aboiement. Il est reconnaissable à ses ailes sombres sans barre blanche transversale, son croupion blanc se terminant en triangle sur son dos, son bec gris légèrement retroussé et la couleur vert olive à la base de son bec et de ses pattes. Le Chevalier aboyeur niche au sol dans un creux garni de feuillages et d’herbes dans les landes et les tourbières du nord de l’Europe. Il y dépose ses quatre œufs allant de la couleur crème au vert olive moucheté de roux. Les deux parents assurent la couvaison. Seulement quelques heures après l’éclosion, les poussins couverts de duvets sont près à quitter le nid pour suivre les adultes sur les rives. Ils s’y nourrissent du matin au soir de mollusques, d’insectes, de crustacés et de vers mais aussi de petits poissons et de batraciens. Après un mois, les jeunes sont capables de voler et se débrouiller par eux-mêmes. Les chevaliers hivernent sur les vasières, les mangroves, les marais salants, le long des récifs coralliens, des plages de sable, des plans d’eau douce et des lagunes. Solitaires ou en petits groupes lorsque la nourriture est abondante, ils s’observent toujours au bord de l’eau, qu’elle soit douce ou salée. A Mayotte, Il affectionne particulièrement les berges du lac Dziani mais vous pourrez également l’observer à la vasière des Badamiers, sur les platiers notamment celui de l’aéroport ou sur les retenues collinaires. Vous aurez le plus de chance de l’observer entre la fin de l’hiver austral et le mois de mars, lorsque ses effectifs sont les plus abondants. Sources : Oiseaux.net Les Oiseaux de Mayotte, Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte Bilan n°2 : Analyses des données de suivis de 2012 à 2021, Thomas Ferrari, Florinah H. Razafimandimby, Merlène Saunier & Steeve Mathieu, GEPOMAY – ENTROPIE
Avec le soutien des programmes Life BIODIV’OM et RECOS (Résilience des zones côtières de l’océan Indien), le GEPOMAY a organisé du 9 au 13 octobre une mission de réplicabilité des résultats sur la conservation du Crabier blanc. Les quatre territoires de reproduction du Crabier blanc étaient présents : les Terres australes et antarctiques françaises (Europa), les Seychelles (Aldabra), Madagascar et Mayotte. Le but de cette semaine était de partager les connaissances et protocoles mis en place à Mayotte et sur les autres territoires de reproduction, formaliser le réseau international pour la conservation du Crabier blanc et définir des futures stratégies communes. Le Groupe d’Etudes et de Protection des Oiseaux de Mayotte a réuni Asity Madagascar, les Terres australes et antarctiques françaises, la Seychelles Islands Foundation et les partenaires mahorais (le Conservatoire du Littoral, le Parc Naturel Marin de Mayotte, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer et l’association Jardin de M’Tsangamouji). Durant cinq jours, les différentes présentations, visites de sites et démonstrations ont permis de nombreux échanges autour de la conservation du Crabier blanc. Le lundi se sont déroulées les présentations des différentes actions menées par le GEPOMAY pour la conservation du Crabier blanc (suivi de la population reproductrice par photocomptage et Capture-Marquage-Recapture (CMR) des nids, contrôle des populations de Rat noir sur les sites de reproduction, suivi par comptage sur les sites d’alimentation, sensibilisation et communication). Les participants ont également assisté à une démonstration des protocoles de survol par drone des héronnières et de contrôle des Rats noirs (Rattus rattus) par lutte mécanique (pièges A24 GoodNature©). Le mardi a été destiné aux étapes et contraintes dans la restauration des prairies humides avec la visite de la prairie humide de Malamani et Miréréni et de la lagune d’Ambato. Le mercredi a permis la visite du site RAMSAR de la Vasière des Badamiers et de la retenue collinaire de Combani, suivi par un atelier de photocomptage et CMR pour l’estimation de la population reproductrice de Crabier blanc. Le jeudi ont eu lieu les présentations des actions et résultats sur Europa, Aldabra et Madagascar. A Europa, un décalage est observé dans la saison de reproduction avec Mayotte, qui s’étendrait jusqu’à avril alors qu’elle se terminerait fin février-début mars à Mayotte. Les Crabiers blancs nichent sous la canopée des mangroves en colonie mixte avec les Aigrettes dimorphes. La population est estimée entre 10 et 15 couples mais les faibles menaces locales en font un site important pour la conservation de l’espèce. A Aldabra : Le Crabier blanc est encore mal connu. La population est estimée entre 20 et 50 couples. A Madagascar, 20 sites de nidification ont été recensés en 2022. L’île abriterait près de 1990 individus reproducteurs et héberge ainsi la majorité de la population reproductrice mondiale. Un décalage de la saison de reproduction (octobre à avril à Madagascar) est également observé. Les Crabiers blancs nichent souvent en colonie mixte dans des milieux variés (phragmites et papyrus en majorité mais aussi en mangrove et en bambouseraie). Contrairement à Mayotte où la population semble plutôt sédentaire, 50 % de la population migre hors des zones de reproduction. L’équipement télémétrique à Mayotte et ses résultats ont également été présentés. Le vendredi a été consacré aux échanges sur le réseau Crabier blanc (notamment au sein de l’AEWA) et sur les collaborations futures pour la conservation du Crabier blanc. Des tests de suivi par drone vont être lancés aux Seychelles et dans les TAAF. Pour Madagascar une recherche de financement pour la mise en place de ce suivi va être réalisée. Un projet d’équipement télémétrique et d’étude génétique devrait probablement voir le jour prochainement à Madagascar. Pour la première fois, les représentants des quatres sites de reproduction du Crabier blanc ont pu être réuni physiquement. Cette semaine a été une véritable opportunité et a notamment permis au GEPOMAY de partager le fruit de 5 années de travail sur le Crabier blanc. Le partage de connaissances, les discussions sur les différents protocoles et sur l’application de ces derniers à l’international, la réflexion autour du réseau Crabier blanc et des collaborations futures offrent de belles perspectives pour la suite de la conservation du Crabier blanc à l’échelle régionale. Il est indispensable que le lien établi tout au long de cette semaine entre ces quatre territoires, d’importance capitale pour la conservation du Crabier blanc, persiste dans le temps.