Avec le soutien des programmes Life BIODIV’OM et RECOS (Résilience des zones côtières de l’océan Indien), le GEPOMAY a organisé du 9 au 13 octobre une mission de réplicabilité des résultats sur la conservation du Crabier blanc. Les quatre territoires de reproduction du Crabier blanc étaient présents : les Terres australes et antarctiques françaises (Europa), les Seychelles (Aldabra), Madagascar et Mayotte. Le but de cette semaine était de partager les connaissances et protocoles mis en place à Mayotte et sur les autres territoires de reproduction, formaliser le réseau international pour la conservation du Crabier blanc et définir des futures stratégies communes.
Le Groupe d’Etudes et de Protection des Oiseaux de Mayotte a réuni Asity Madagascar, les Terres australes et antarctiques françaises, la Seychelles Islands Foundation et les partenaires mahorais (le Conservatoire du Littoral, le Parc Naturel Marin de Mayotte, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer et l’association Jardin de M’Tsangamouji). Durant cinq jours, les différentes présentations, visites de sites et démonstrations ont permis de nombreux échanges autour de la conservation du Crabier blanc.
Le lundi se sont déroulées les présentations des différentes actions menées par le GEPOMAY pour la conservation du Crabier blanc (suivi de la population reproductrice par photocomptage et Capture-Marquage-Recapture (CMR) des nids, contrôle des populations de Rat noir sur les sites de reproduction, suivi par comptage sur les sites d’alimentation, sensibilisation et communication). Les participants ont également assisté à une démonstration des protocoles de survol par drone des héronnières et de contrôle des Rats noirs (Rattus rattus) par lutte mécanique (pièges A24 GoodNature©).
Le mardi a été destiné aux étapes et contraintes dans la restauration des prairies humides avec la visite de la prairie humide de Malamani et Miréréni et de la lagune d’Ambato.
Le mercredi a permis la visite du site RAMSAR de la Vasière des Badamiers et de la retenue collinaire de Combani, suivi par un atelier de photocomptage et CMR pour l’estimation de la population reproductrice de Crabier blanc.
Le jeudi ont eu lieu les présentations des actions et résultats sur Europa, Aldabra et Madagascar.
A Europa, un décalage est observé dans la saison de reproduction avec Mayotte, qui s’étendrait jusqu’à avril alors qu’elle se terminerait fin février-début mars à Mayotte. Les Crabiers blancs nichent sous la canopée des mangroves en colonie mixte avec les Aigrettes dimorphes. La population est estimée entre 10 et 15 couples mais les faibles menaces locales en font un site important pour la conservation de l’espèce.
A Aldabra : Le Crabier blanc est encore mal connu. La population est estimée entre 20 et 50 couples.
A Madagascar, 20 sites de nidification ont été recensés en 2022. L’île abriterait près de 1990 individus reproducteurs et héberge ainsi la majorité de la population reproductrice mondiale. Un décalage de la saison de reproduction (octobre à avril à Madagascar) est également observé. Les Crabiers blancs nichent souvent en colonie mixte dans des milieux variés (phragmites et papyrus en majorité mais aussi en mangrove et en bambouseraie). Contrairement à Mayotte où la population semble plutôt sédentaire, 50 % de la population migre hors des zones de reproduction.
L’équipement télémétrique à Mayotte et ses résultats ont également été présentés.
Le vendredi a été consacré aux échanges sur le réseau Crabier blanc (notamment au sein de l’AEWA) et sur les collaborations futures pour la conservation du Crabier blanc. Des tests de suivi par drone vont être lancés aux Seychelles et dans les TAAF. Pour Madagascar une recherche de financement pour la mise en place de ce suivi va être réalisée. Un projet d’équipement télémétrique et d’étude génétique devrait probablement voir le jour prochainement à Madagascar.
Pour la première fois, les représentants des quatres sites de reproduction du Crabier blanc ont pu être réuni physiquement. Cette semaine a été une véritable opportunité et a notamment permis au GEPOMAY de partager le fruit de 5 années de travail sur le Crabier blanc. Le partage de connaissances, les discussions sur les différents protocoles et sur l’application de ces derniers à l’international, la réflexion autour du réseau Crabier blanc et des collaborations futures offrent de belles perspectives pour la suite de la conservation du Crabier blanc à l’échelle régionale. Il est indispensable que le lien établi tout au long de cette semaine entre ces quatre territoires, d’importance capitale pour la conservation du Crabier blanc, persiste dans le temps.