Le saviez-vous ? Depuis 2013 le GEPOMAY réalise le comptage des Crabiers blancs sur leurs sites d’alimentation : de 12 sites suivis nous sommes passés à 21 sites depuis le début du programme Life BIODIV’OM.
Tous les mois, jumelles accrochées au cou et équipé·e de sa longue vue, un·e salarié·e du GEPOMAY recense le nombre d’oiseaux et surtout de Crabiers blancs vus et entendus. Durant une semaine environ, ces comptages sont réalisés sur des secteurs bien définis : retenues collinaires, prairies humides, rivières… Ce sont tous des sites d’alimentation du Crabier blanc.
Ce n’est pas si simple qu’il n’y paraît : avant toute chose, la personne en charge du comptage doit impérativement savoir différencier les espèces à la vue et au chant. Les oiseaux bougent et sont parfois éloignés de plusieurs centaines de mètres, il est donc bien plus difficile de les reconnaître qu’à partir d’une photographie. Le GEPOMAY suit un protocole de comptage régulier et standardisé : utiliser la même méthode permet comparer les chiffres obtenus chaque mois pour mieux étudier l’évolution des populations. Les protocoles de comptages sont également conçus pour pallier un maximum les biais d’observation qui peuvent exister. Par exemple, sur le terrain, des techniques permettent de s’assurer au mieux qu’on ne compte pas deux fois le même individu : rester vigilent·e et suivre les mouvements des individus, repérer d’où vient un chant, ne pas observer en va-et-vient d’un côté à l’autre du site. On parle le plus souvent de « scan » : l’observateur parcourt visuellement le secteur d’un côté à l’autre.
Enfin, il est important de noter un maximum d’observations durant les comptages : la météo, l’évolution du milieu, l’heure de début, l’heure de fin, les différences de plumages, les comportements … Ces informations pourront par la suite nous aider à répondre à de nombreuses questions pour améliorer nos connaissances sur les espèces.
Le suivi d’une espèce sur ses sites d’alimentation permet d’analyser l’évolution de sa population inter- et intra-annuelle et donc de comprendre ses habitudes et son comportement pour mieux la protéger. Il s’agit par exemple de déterminer les principaux sites à protéger ou de découvrir une périodicité chez une espèce (fréquentation des sites, migration…) ; on parle dans ce dernier cas de l’étude de la phénologie de l’espèce.
Le graphique ci-contre permet par exemple de conclure que les principaux sites d’alimentation du Crabier blanc en 2022 ont été le lac Karihani et les retenues collinaires de Dzoumogné et de Combani.
Ces suivis nous permettent également de contrôler l’efficacité des actions de protection mises en œuvre en faveur du Crabier blanc – Plan National d’Actions en faveur du Crabier blanc et Life BIODIV’OM. Ils rendent notamment possible la comparaison de l’évolution des populations entre des sites restaurés ou protégés et des sites non protégés.
Je réalise ce suivi une semaine par mois depuis maintenant un an et demi et c’est une mission que j’apprécie particulièrement. Les suivis débutent entre 7h et 8h du matin. Il faut se réveiller tôt mais c’est agréable de se retrouver sur de tels sites en matinée lorsqu’il fait encore frais. C’est aussi et surtout un moment privilégié avec les oiseaux : après le comptage, je prends le temps d’observer leur comportement et ainsi d’essayer de comprendre comment ils évoluent dans leur milieu. J’ai presque envie de pouvoir communiquer avec eux ! Malheureusement, depuis que je suis ces sites d’alimentation, j’ai pu remarquer la pression agricole sur les prairies humides.
Le plus important en suivi est d’être le plus discret possible et de toujours faire les observations au même emplacement et dans le même ordre pour pouvoir comparer les résultats a posteriori. Après un rapide coup d’œil sur les données depuis 2018, le nombre de Crabiers blancs recensés ne semble pas varier de façon significative, ce qui reste une bonne nouvelle pour cette espèce en danger d’extinction à l’échelle mondiale. À terme, grâce aux actions menées par le GEPOMAY, nous espérons voir une augmentation des effectifs. Aujourd’hui il est encore trop tôt pour observer de tels résultats. »
Témoignage de Steeve Mathieu, chargé d’études Crabier blanc au GEPOMAY.
Rédaction : Mariane Harmand, GEPOMAY Plus d'infos : - https://www.lifebiodivom.fr/ -