Découvrez la Sterne huppée, ou Thalasseus bergii, une des 4 espèces les plus communes dans le lagon. Attention à ne pas la confondre avec la Sterne voyageuse ! Photos : P. Ingremeau, T. Ferrari/GEPOMAY, L. Epelboin, G. Rasson La famille des sternidés représente plus de 40 espèces dans le monde, incluant les guifettes, les noddis et bien sûr les sternes. Ces oiseaux sont surtout observés en mer et près des côtes. Ils ont les pattes palmées et se nourrissent de petits poissons et céphalopodes. Ce sont souvent de grands migrateurs. À Mayotte, 4 espèces de sternes sont recensées dans le lagon : la Sterne voyageuse, le Noddi brun, la Sterne huppée et la Sterne de Saunders. D’autres espèces sont aussi présentes, mais surtout en haute mer. Attention à ne pas les confondre ! La Sterne huppée a un bec jaune pâle, qui la différencie à coup sûr de la Sterne voyageuse. Elle mesure 46 centimètre, soit un peu plus grande que cette dernière. En plumage nuptial, sa tête est entièrement noire, et se revêt parfois d’une « huppe » (de même que la Sterne voyageuse). En plumage internuptial, comme souvent à Mayotte, elle a un capuchon et un front blanc. La Sterne huppée est une espèce migratrice. Bien que les mouvements des populations soient encore mal connus, on estime que les colonies de la sous-espèce enigma, présentes à Mayotte, nichent dans le Nord de l’Océan Indien. Elles se reproduisent d’avril à juin, en formant de denses colonies. Leur nid est gratté dans le sol nu, les rochers ou le corail. Hors de leur période de reproduction, elles migrent à Mayotte et vers les côtes malgaches. Elles sont potentiellement présentes toutes l’année sur notre île, car elles se sédentariseraient non loin des colonies de nidification. Elles sont cependant bien moins abondantes que les Sternes voyageuses. Bien moins grégaire que sa cousine la Sterne voyageuse (en dehors de sa période de reproduction), la Sterne huppée est souvent observée seule, posée sur un petit reposoir proche des côtes (bouée, bois flottant…). Elle se mêle parfois à un petit groupe de Sternes voyageuses, d’un maximum de 50 individus. Il est alors plus facile de la reconnaitre à sa taille (voir ci-contre) ! Elles pêchent alors dans les eaux côtières peu profondes des lagunes, les estuaires, autour des plages ou plus rarement au large. Elles adoptent la même technique que les Sternes voyageuses, à savoir voler à 4 mètres au-dessus de l’eau, et plonger pour capturer sa proie. Elles se nourrissent de calmars, de crabes, d’insectes, de petites tortues… mais leur aliment de prédilection reste les petits poissons, comme les anchois. Elles sont parfois victime de klepto-parasitisme, de la part des grands oiseaux marins ou encore des Sternes fuligineuses. La Sterne huppée est répartie de l’Afrique du Sud jusqu’au milieu du Pacifique. Elle est commune à Mayotte et dans l’Océan Indien. La colonie la plus importante dans notre région est celle de la côte ouest de Madagascar, qui compte près de 11.000 couples. Classées dans « préoccupation mineure » (LC) sur la Liste rouge des espèces menacées au niveau mondial (IUCN), elles peuvent toutefois être localement vulnérables (VU), du fait de leur répartition en nombre limité de colonies denses. La présence d’humains, de rats, d’ibis, de goélands ou de rapaces sont autant de critères pouvant amener les Sternes à abandonner leur couvée. Les Sternes huppées, comme de nombreux oiseaux migrateurs, cachent encore beaucoup de mystères pour les humains. Du fait du manque de programme de baguage, les mouvements des populations restent méconnus. Sources : Fiche Sterne huppée – Oiseaux.net Les oiseaux de Mayotte – Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland Bilan de l’Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte 2013/2016 – GEPOMAY
Un rapport signé d’une collaboration entre l’association malgache Asity, le GEPOMAY et trois autres structures vient de paraitre dans BioOne Complete. Un article de Florent Bignon Espèce classée mondialement en danger d’extinction (EN) selon l’UICN, les populations ont été estimées entre 2000 à 4000 individus. Ce petit héron ne se reproduit uniquement que sur 4 territoires, Madagascar, Mayotte, Aldabra et Europa. Fortement menacé, il fait l’objet d’un premier plan d’action qui a débuté en 2008, étalé sur 10 ans, visant à améliorer les connaissances et l’état de conservation de l’espèce sur les différents territoires. Aujourd’hui, l’heure est au bilan à travers un article scientifique paru en 2020 dans BioOne Complete et rédigé par les associations Asity Madagascar, Durrell Wildlife Conservation Trust, The Peregrine Fund Madagascar, le GEPOMAY et la collectivité des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Un travail de recensement conséquent Afin de pouvoir identifier les colonies de Crabier blanc sur les différents territoires, une des premières actions a été de recenser les différentes zones humides (lacs, marais, rivières, mangroves et estuaires) sur les 4 territoires. En effet, le Crabier blanc s’alimente et niche aux niveaux de ces zones humides. Suite à cela, sur chaque territoire, les suivis de Crabier blanc ont été effectués lorsque cela était possible de janvier à février, en plein pic de nidification afin de pouvoir observer le nombre maximal de Crabier blanc. A Madagascar et à Mayotte, des comptages réguliers des oiseaux d’eaux sont effectués par les associations locales. Toutes les zones identifiées précédemment ont été fouillées afin de récolter différentes informations : le nombre et la localisation d’individus ou de nids de Crabier blanc, le type de plumage ou encore les menaces présentes sur site. Des dénombrements hivernaux ont également été effectués de façon opportuniste en juillet-aout sur certains territoires. Sur les Terres Australes et Antarctiques Françaises, les données ont été récoltées par des agents de conservation mis en place sur l’île d’Europa depuis 2016. Madagascar, site principal de reproduction de l’espèce Entre 1993 et 2016, des Crabiers blancs ont été observés au sein de 111 sites dont 106 à Madagascar, 4 à Mayotte et 1 à Europa. Des données ont également été récoltées à Aldabra mais le site n’a pas pu être visité lors de cette étude. A Madagascar, 60% des sites sont localisés dans la partie ouest de l’île, plus favorable à l’espèce. En ce qui concerne les sites de nidification, 11 sites de nidification ont été découverts sur ces territoires entre 1993 et 2016 dont 6 à Madagascar (le parc Tsarasaotra, le lac Ambondrombe, le parc Tsimbazaza, le lac Matsaborimena, le lac Sofia et le lac Ravelobe), 4 à Mayotte (lagune d’Ambato, Mangrove de Chiconi Mangajou, Ironi Be et Poroani Malamani) et 1 à Europa (Mangrove d’Europa). En 2001, 20 à 50 couples de Crabier blanc ont également été observés à Aldabra. A Madagascar, des Crabiers blanc en plumage nuptial ont été observés sur 100 autres sites sans pour autant présenter de signes de nidification. Ces sites ont ainsi été considérés comme des sites potentiels de reproduction de l’espèce, d’autant plus que certains n’ont pu être prospectés en pleine période de reproduction à cause des inondations importantes en saison des pluies. Des populations en baisse 77% de la population mondiale de Crabier blanc est présente à Madagascar. Les résultats des travaux de recensement estiment la taille respective des populations à 812 oiseaux en plumage nuptial sur Madagascar et 250 sur Mayotte et Europa soit 1062 individus nicheurs sur l’ensemble des territoires. En étudiant deux des plus gros sites de nidifications présents à Madagascar, le parc de Tsarasaotra et le parc de Tsimbazaza, on observe respectivement une diminution de 63% et de 80% des populations sur ces sites entre 1990 et 2009. De plus, sur l’île, 4 sites de reproduction identifiés entre 1994 et 2003 semblent avoir été abandonnés entre 2007 et 2016. A Madagascar, les populations observées chaque année varient fortement, ce qui peut être les conséquences de la pression anthropique, la prédation et la disponibilité du site de nidification. Sur l’île d’Aldabra, quelques individus avaient été identifiés dans les années 70 tandis qu’en 2001, une population comprise entre 20 et 50 couples y avait été observée, ce qui montrerait une certaine augmentation notable sur cette île. A Mayotte et Europa, il n’existe pas encore assez de données mais il semblerait que la population sur l’île de Mayotte soit en augmentation puisque 20 couples ont été identifiés en 2003 et 121 couples en 2015 mais il est difficile de déterminer si cela est dû à une amélioration de la dynamique des populations ou à un meilleur effort de suivi. Des menaces d’origine anthropique Sur les 11 sites de nidification connus, les principales menaces identifiées sont le braconnage d’œufs et de poussins et les perturbations humaines. 77% des sites ont présenté des cas de braconnage tandis que 23% ont été touchés par des incendies ou impactés par la prédation de certaines espèces. La destruction des habitats est une menace importante. Au lac Sofia, à Madagascar, plus d’un hectare de papyrus a été brûlé pour la culture du riz en octobre 2015. A Mayotte, de nombreux marais ont été convertis en culture de banane et de taro. L’urbanisation à Madagascar a également conduit au labour de certaines zones humides telles que des rizières à Madagascar, utilisées comme site d’alimentation par le Crabier blanc. De plus, des cas de prédations naturelles ont été observés à Madagascar sur des œufs ou des poussins, notamment par des oiseaux tels que le Gymnogène de Madagascar, le Busard de Madagascar ou le Faucon pèlerin. L’impact du rat est suspecté mais n’a pas encore été prouvé sur le Crabier blanc. Enfin, une observation d’un Crabier blanc et d’un Crabier chevelu a été faite en janvier 1999 au parc de Tsimbazaza à Madagascar ce qui peut soulever l’hypothèse d’un potentiel risque d’hybridation. Pour la suite ? Cette étude a permis d’évaluer la taille et l’évolution des populations de Crabier blanc et d’identifier l’aire de répartition de l’espèce ainsi que ses différents sites de reproduction. De nouvelles actions doivent être mises en place pour assurer la protection de l’espèce : Actions de conservation sur les sites de reproduction pour réduire les perturbations humaines Déploiement d’un solide programme d’éducation et de sensibilisation Actions de restauration sur les zones humides Soutien aux activités économiques alternatives comme sources de revenus pour les populations locales Recherches sur les besoins bioécologiques de l’espèce et étendre les études sur les zones de reproduction potentielles Recherches sur les hybridations possibles Recherches sur l’île d’Aldabra Le LIFE BIODIV’OM Depuis 2019, un nouveau plan d’action sur le Crabier blanc a été rédigé, permettant de lister de nombreuses actions à effectuer pour protéger l’espèce de 2019 à 2023 sur l’île de Mayotte. Une partie de ces actions seront effectuées dans le cadre du LIFE BIODIV’OM entre 2018 et 2023 et permettront de répondre aux besoins cités précédemment, notamment en terme d’actions de conservations sur les sites de reproduction, d’éducation et de sensibilisation, d’actions de restaurations sur les prairies humides et de recherches sur l’espèce. En savoir plus : Le site du LIFE BIODIV’OM Les actions du GEPOMAY en faveur du Crabier blanc La fiche oiseau « Crabier blanc »