Découvrez la Sterne voyageuse, ou Thalasseus bengalensis, la sterne la plus commune dans le lagon de Mayotte. Photos : G. Adt, P. Ingremeau, F. Lecourtier, T. Ferrari/GEPOMAY, S. Merle La famille des sternidés représente plus de 40 espèces dans le monde, incluant les guifettes, les noddis et bien sûr les sternes. Ces oiseaux sont surtout observés en mer et près des côtes. Ils ont les pattes palmées et se nourrissent de petits poissons et céphalopodes. Ce sont souvent de grands migrateurs. À Mayotte, 4 espèces de sternes sont recensées dans le lagon : la Sterne voyageuse, le Noddi brun, la Sterne huppée et la Sterne de Saunders. D’autres espèces sont aussi présentes, mais surtout en haute mer. Attention à ne pas les confondre ! La Sterne voyageuse a un bec orange vif, qui la différencie à coup sûr de la Sterne huppée. Elle mesure 36 centimètre, soit un peu plus petite que cette dernière. En plumage nuptial, sa tête est entièrement noire, et se revêt parfois d’une « huppe » (c’est un faux-ami !). En plumage internuptial, comme souvent à Mayotte, elle a un capuchon et un front blanc. Les Sternes voyageuses sont de grandes migratrices. Les colonies présentes à Mayotte se reproduisent dans la Mer Rouge et autour du le Golfe persique. Une partie de ces colonies migre vers Mayotte hors de leur période de nidification, pendant l’hiver boréal, qui correspond à peu près à notre saison des pluies. D’autres parties vont hiverner vers Madagascar, le Sri Lanka ou encore en Afrique méridionale. Sur notre île, on retrouve de grands effectifs entre les mois de décembre et de mai, pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’individus. Pour autant, toutes les Sternes ne repartent pas à la fin de la saison des pluies. Certains individus plus faibles ne réussissent pas à faire le trajet retour, et restent sur notre île toute l’année. Ainsi, on compte autour de 500 individus au mois de juin, lorsque les effectifs sont au plus bas. On estime que la reproduction des Sternes voyageuses pourrait se produire à Mayotte si elles n’étaient pas dérangées par les rats. Les Sternes voyageuses sont très grégaires : on les observe souvent en groupe le long des côtes, où elles se nourrissent. Elles volent à 5 mètre au-dessus de l’eau, de façon stationnaire, puis plongent pour capturer leurs proies. Elles se nourrissent de petits poissons (harengs notamment), de céphalopodes ou encore de petits crustacés, comme les crevettes grises par exemple. Elles pêchent en groupe, parfois en compagnie d’autres sternes ayant les mêmes techniques de chasse et la même morphologie. À Mayotte, c’est souvent en compagnie des Sternes huppées qu’on les retrouve, et c’est alors plus facile de les différencier. Elles peuvent subir la concurrence et le parasitisme d’autres espèces d’oiseaux, par exemple des Sternes fuligineuses qui chapardent les proies. Quand elles ne chassent pas, les Sternes se reposent en très grands groupes sur les bancs de sable, les vasières et les îlots rocheux. À Mayotte, ça concerne les îlots de sable blanc du Nord et du Sud, les îlots de Mtsamboro et Chalé, l’île blanche, platier de Ngouja, et même celui de l’aéroport. On a déjà observé à Mayotte près de 10.000 individus se reposant au même endroit ! Les Sternes voyageuses sont largement répandues dans le monde : on les retrouve sur les côtes des mers tropicales et subtropicales, notamment en Méditerranée et dans les océans Indien et Pacifique. La moitié de sa population mondiale se trouve en Australie. C’est l’espèce de sterne la plus répandue dans l’Océan Indien, et à Mayotte, où elle est « très commune ». C’est d’ailleurs la seconde espèce la plus observée dans le lagon après le Paille-en-Queue ! Les Sternes voyageuses, comme de nombreux oiseaux migrateurs, cachent encore beaucoup de mystères pour les humains. Du fait de l’absence de programme de baguage, les mouvements des populations restent méconnus. Sources : Fiche Sterne voyageuse – Oiseaux.net Les oiseaux de Mayotte – Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland Bilan de l’Observatoire des Oiseaux Côtiers de Mayotte 2013/2016 – GEPOMAY
À l’occasion du 11 mai, la journée internationale des espèces menacées, le GEPOMAY fait le point sur les oiseaux menacés de l’île. Une espèce menacée est une espèce référencée sur la Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Il y a trois degrés de menace : vulnérable (VU), en danger d’extinction (EN) et en danger critique d’extinction (CR). À Mayotte, 11 espèces d’oiseaux sont concernées par ces définitions : Une espèce est en danger critique d’extinction (CR) : le Crabier blanc Trois espèces sont en danger d’extinction (EN) : la Grande aigrette, le Héron de Humblot et le Martinet malgache Sept espèces sont vulnérables (VU) : le Drome ardéole, le Drongo de Mayotte, le Faucon pèlerin, le Grèbe castagneux, le Phaéton à bec jaune, le Pigeon des Comores et la Talève d’Allen Venez les découvrir ! Envie d’en savoir plus ? Les espèces d’oiseaux menacées à Mayotte La Liste Rouge de l’UICN
Découvrez le Drongo de Mayotte (Marimudu en Shimaoré, Lairuvi en Kibushi), l’espèce emblématique de nos forêts humides ! Photos : © N. Santa Maria, © L. Epelboin, © P. van Giersbergen, © F. Jeanne, © P. Ingremeau Le Drongo de Mayotte appartient à la famille des dicruridés, qui compte une trentaine d’espèces réparties dans la zone tropicale, du continent africain jusqu’en Indonésie/Malaisie. Cette famille recense de nombreuses espèces endémiques, notamment dans les îles de l’Océan Indien, comme notre Drongo de Mayotte. Les drongos sont des oiseaux généralement noirs ou foncés, insectivores. Le Drongo de Mayotte est le plus grand drongo de l’archipel des Comores, et mesure près de 40 centimètres. Son corps (plumage, bec, pattes) est entièrement noir charbon, avec des reflets bleus-verts. Seul son iris rouge brique ressort. Il a une longue queue fourchue d’environ 20 centimètres. Son bec est fort, avec des vibrisses bien visibles. Les deux sexes sont identiques, bien que la femelle soit légèrement plus petite. Les juvéniles ont le plumage brun-noir, leur queue est plus courte et moins fourchue. Les Drongos vivent dans les forêts naturelles humides à mésophiles. On les retrouve de plus en plus dans les zones d’agroforesterie (vergers, plantations d’ylang…) et dans les arrières-mangroves. En revanche, il est totalement absent des milieux secs, comme Petite-Terre ou le sud de Grande-Terre. Cette espèce vit en couple toute l’année. Ce sont des oiseaux très territoriaux, qui défendent leur arbre « bec et ongle » avec des parades et des attaques : tout étranger entrant sur leur territoire (qui peut atteindre 10 hectares en zone ouverte) peut se voir chassé, qu’il soit un autre Drongo, un makis, une roussette… ou même un humain ! Les parades dansantes, pratiquées par le mâle et la femelle, servent alors à marquer le territoire, mais aussi à renforcer les liens du couple, qui restera fidèle toute la vie. Elles prennent la forme de danses, intensifiées pendant la période de reproduction. Les oiseaux se balancent de haut en bas, ondulent leur corps et leur queue. Ils utilisent également des chants très variés, eux aussi renforcés pendant les parades nuptiales, tantôt chantant en duo, tantôt imitant d’autres espèces d’oiseaux. Les Drongos sont insectivores. Les cigales sont leur met de prédilection (elles représentent près de la moitié de leur alimentation), suivi par les araignées, les guêpes, papillons, chenilles, criquets et autres moustiques. Ils repèrent leur proie depuis une branche, à l’affût. Ils se lancent ensuite dans un vol acrobatique pour la capturer. Souvent, la proie est ensuite frappée contre une branche, et ainsi débarrassée de ses élytres. Les Drongos de Mayotte se reproduisent pendant la saison des pluies. Chaque couple niche en solitaire. Le nid, construit par les deux parents, est construit en une semaine. Il est placé sur un grand arbre, à une dizaine de mètres du sol. Entre octobre et décembre, 1 à 3 œufs crèmes rosés, tachetés de roux, sont pondus. Si la première nichée échoue, le couple construit un second nid dans un autre emplacement. L’incubation dure environ 3 semaines, la couvaison étant pratiquée par les deux parents. Les jeunes restent au nid 3 semaines, et sont toujours nourris par les parents une fois sortis du nid. Les juvéniles restent auprès de leurs parents jusqu’à la prochaine nidification. Cette espèce est classée « vulnérable » sur la liste rouge de l’UICN. La déforestation pour la culture sur brûlis et l’urbanisation attaque de plein fouet le Drongo. Son habitat de prédilection étant touché, il est contraint de s’adapter et de se déplacer vers des zones plus ouvertes. Son caractère endémique en fait un ambassadeur du patrimoine naturel de Mayotte ! Sources : Fiche Drongo de Mayotte – Oiseaux.net Les oiseaux de Mayotte – Michel Clément, Philippe de Grissac, Robin Rolland